Le Point, France
20 Mai 2004
Droite
UMP : Marseille à marée basse
La déferlante de la gauche aux régionales a sapé le moral des
militants. Malaise.
Charles Jaigu
« Je ne suis pas certain que vous soyez hyperpassionnés par l’Europe
», concède le jeune député Bruno Gilles devant une quarantaine d’UMP
du comité de circonscription, réunis le jeudi 15 mai dans un local
tapissé d’affiches de Renaud Muselier. Il y a deux ans, le nouveau
secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères a laissé sa place de député
de la 5e circonscription de Marseille à son jeune suppléant de 42
ans. Ce fief n’a pas mieux résisté que les autres à la déferlante de
la gauche aux élections régionales. « Michel Vauzelle a frôlé les 50
%, Muselier 38 %, et le FN, seulement 12 % », détaille un
responsable, encore abasourdi. « Pour nous, c’est une année noire.
Nous avons déjà tiré un trait sur 2004 », ajoute un autre.
Ici comme ailleurs, les UMP s’affichent rebelles. Le lundi de
Pentecôte non férié ? « Une bêtise ! » murmure-t-on dans les rangs.
Le mariage homosexuel ? Une femme aux cheveux argentés sort de sa
réserve : « Tu m’as demandé de te seconder dans la mairie de
quartier, lance-t-elle au député, moi je veux bien, mais alors jamais
je ne marierai des homos ; ça, jamais ! » Acquiescement général. Un
homme aux faux airs de Gaudin s’agace de la ligne brouillée du
gouvernement : « Ces reculades ! ça ne nous rapportera pas un vote. »
Et pour l’Europe ? Tout le monde semble d’accord sur un point : pas
de Turquie en Europe ! « S’ils reconnaissent le génocide arménien, ça
ira, on verra bien dans vingt ans », tempère une autre. « Et, quand
ils auront reconnu le génocide, on se cachera derrière quoi pour
refuser l’adhésion ? » s’enflamme un fonctionnaire de police. Vote à
main levée. Unanimité contre l’entrée de la Turquie.
On ne s’attarde pas sur la Constitution européenne. Deux tiers de la
salle sont pour le référendum. Après une heure de débat, cocktail
improvisé. Whisky-Coca et cacahouètes. Sur la table, certains
s’emparent des dossiers photocopiés sur l’Unedic ou les intermittents
du spectacle. Histoire de tenir bon, dehors, sous le feu des
critiques
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress