PARIS-NORMANDIE
16 octobre 2004
Aznavour, tout en haut de l’affiche
Ortole Serge
Entre la retraite et le travail, il continue de préférer la scène. A
quatre vingt ans bien sonnés, Jurassic Aznavour est toujours assis au
sommet de son art. Dernier dinosaure du panthéon de la chanson
française.
Le revoilà, comme au bon vieux temps, installé bien en haut de
l’affiche, reparti en tournée. Bourrer les salles, Aznavour sait
faire. Il en a l’habitude. Hier soir, le Zénith était bondé. Lucide,
assez fier de lui, du chemin parcouru depuis toutes ces années, il
continue d’égrener sa nostalgie, tout en allant de l’avant.
Sobre
Son style ne change pas. Des mots justes, des phrases qui coulent
toutes seules au service de belles mélodies mélancoliques. Ses thèmes
sont choisis. L’amour, la vie, l’Arménie son pays, la fuite du temps.
Aznavour, on vient pour l’écouter, pas pour le voir bouger. De jeu de
scène, il n’en a jamais eu. L’important chez lui n’est pas dans la
gestuelle, mais dans bien l’émotion que le personnage véhicule.
Accompagné par un splendide orchestre, dans lequel on remarque une
section de cordes exclusivement féminine, Aznavour délivre un tour de
chant millimétré. Avec une première partie articulée autour des
nouvelles chansons, extraites de son dernier album Je voyage, et une
seconde, bâtie sur les titres d’hier, d’avant hier, et d’avant avant
hier. Sobre, l’artiste ne se permet aucune fantaisie. Et quand il
parle à son public, on sent là encore qu’il a préparé son texte.
Mais pourquoi diable ce petit bonhomme aussi rayonnant, continue-t-il
de s’habiller tout en noir. Léo Ferré disait: c’est une couleur qui
vous habitue à la mort. Dieu merci Aznavour est toujours bien vivant.
Il chante à nouveau ce soir à Rouen.