La Nouvelle République du Centre Ouest
16 octobre 2004
Yves Dauge ;
Le sénateur-maire de Chinon rentre d’Istanbul d’une mission pour
l’Unesco. Pour lui, l’élargissement de l’Europe à la Turquie est une
bonne chose, dans le cadre d’une « Europe à deux têtes »
(France-Allemagne).
1 Vous venez de passer plusieurs jours en Turquie. Pour quelles
raisons ce déplacement ?
« C’était dans le cadre d’une mission pour l’Unesco, à Istanbul.
Depuis 1997, je travaille sur un projet de réhabilitation de
quartiers historiques très pauvres. Nous avons monté un dossier avec
l’Europe. Là, se tenait un séminaire pour faire un bilan des actions
en cours. »
2 La Turquie fait actuellement la Une de l’actualité. Quelle est
votre position sur son entrée dans l’Europe ?
« Sur le sujet, je me trouve dans la lignée de gens que j’ai
fréquentés souvent comme François Mitterrand et Jacques Delors.
L’élargissement est une bonne chose. Si on refuse l’entrée de la
Turquie, on fait une erreur. C’est (la Turquie) comme un pont vers
une zone du monde (l’Asie) qui est absolument stratégique.
L’élargissement est une bonne chose, autour d’une Europe à deux têtes
(France et Allemagne) ou encore avec l’Espagne, les Pays-Bas,
l’Italie quand leur gouvernement aura changé, etc. Il y aura des pays
(comme la Turquie) qui ne seront pas aussi concernés que nous. On
peut d’ailleurs se poser la question de l’Angleterre qui – je n’ai
rien contre les Anglais – préfère l’Europe marchande et économique à
une Europe politique comme celle que nous défendons. »
3Le Parti socialiste est actuellement divisé sur la question.
Hollande et tous ses amis d’un côté, Fabius de l’autre. Qu’en
pensez-vous ?
« Fabius n’a pas dit vraiment non (!) Il y a eu dernièrement un vote
unanime au sein du PS sur une motion qui permet d’engager des
négociations au terme de laquelle on se décidera. La Turquie devra
respecter certains critères comme la laïcité, reconnaître le génocide
arménien, des questions socioculturelles… Tout ça, la Turquie le
sait […] Il faut profiter de ce temps de négociation qui est en
lui-même porteur de progrès pour les uns comme pour les autres […]
Et savoir que les Turcs se sont libéré des emprises coloniales en
1923 pour devenir une république. Ce qu’ils ont fait, c’est aussi
important que chez nous (en 1789). Les Français doivent réapprendre
l’Histoire, les politiques en particulier. »
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress