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Giresse et Casoni ne regrettent rien de leurs difficiles exils

Le Monde
19 novembre 2004

Giresse et Casoni ne regrettent rien de leurs difficiles exils
caucasiens ;
par Paul Miquel

RIEN NE les prédestinait à s’expatrier là-bas, dans le Caucase. Ils
ont pourtant choisi l’exil. Fin avril 2004, c’est Alain Giresse qui a
ouvert la voie en acceptant le poste de sélectionneur de la Géorgie.
« Les tractations ont commencé l’année dernière, se souvient-il.
J’étais en stand-by, et Michel Platini m’a mis en contact avec le
président de la Fédération géorgienne, Merab Jordania. » Quelques
mois plus tard, Bernard Casoni l’imitait en devenant entraîneur de
l’Arménie. « J’ai signé un contrat d’un an au début de l’été,
explique l’ex-défenseur de l’Olympique de Marseille. Ici, il y a tout
à construire, c’est une expérience passionnante. »

Eloignés l’un de l’autre de seulement 300 kilomètres, Alain Giresse
et Bernard Casoni ont un cahier des charges relativement similaire :
aider leur jeune équipe à se comporter honorablement lors des
qualifications du Mondial 2006, responsabiliser les joueurs du cru,
insuffler un soupçon de professionnalisme auprès des dirigeants
fédéraux locaux, accélérer le mûrissement footballistique des
esprits. Et, si possible, gagner des matches. Des défis que d’aucuns
jugent insurmontables. Après son match nul (2-2), face au Danemark,
mercredi 17 décembre, la Géorgie pointe à la 6e place du groupe 2 ;
l’Arménie, tenue en échec (1-1) par la Roumanie, est dernière du
groupe 1.

« LA VIE Y EST DIFFICILE »

« La Géorgie n’est pas le Qatar, s’amuse Alain Giresse, en faisant
référence aux nombreux Français qui ont récemment signé dans les pays
du Golfe. Ici, il n’y a pas de pétrole. Les conditions économiques
sont dures. La vie y est difficile. » Alain Giresse confesse qu’il a
« longtemps réfléchi avant d’accepter ce poste », mais qu’il « ne
regrette rien ». « Parler de qualification est assurément prématuré,
observait-il avant le match face au Danemark. Si la Géorgie gagnait
son ticket pour le Mondial allemand, ce serait un miracle.
Personnellement, j’ai surtout été embauché pour faire progresser
l’équipe. »

En Arménie, où il réside environ quinze jours par mois, Bernard
Casoni avoue avoir les mêmes visées. « Il a fallu tout remettre à
plat, indique le technicien méridional. Avant d’entrer dans le vif du
sujet, j’ai voulu instaurer un certain état d’esprit dans mon groupe,
faire comprendre à mes joueurs que porter le maillot national était à
la fois un honneur et une charge. »

Pendant tout le mois de septembre, Casoni a aussi épluché les
effectifs de L1, L2, National et CFA, à la recherche de joueurs de
qualité ayant une ascendance arménienne. Résultat des courses ? «
Rien, répond-il dans un soupir. Il y avait bien une petite colonie du
côté de Valence, mais aucun joueur ne répondait à mes exigences. J’ai
donc décidé de composer mon équipe avec des locaux. Je préfère des
gars rugueux qui se battent à 130 % plutôt que des stars de la
diaspora qui jouent les divas en Russie ou en Pologne. »

Ainsi, les deux tiers de sa sélection sont issus du championnat
arménien, composé de huit équipes et dominé par le Pyunik Erevan, où
évoluent ses deux joueurs-clés : le gardien de but d’origine
camerounaise Edel Apula Edima Bete et le buteur Edgar Manucharian,
qui serait suivi de près par les recruteurs de l’Ajax Amsterdam.

« Contrairement à Bernard Casoni, 90 % de mes hommes jouent dans des
championnats européens de qualité, souligne Alain Giresse. C’est une
chance, car les douze équipes du championnat géorgien ont un niveau
médiocre. » L’ancien joueur du carré magique des Bleus a décidé, lui
aussi, de jouer sur la corde patriotique. Il est aidé en cela par
Guia Gourouli, son traducteur qui a porté le maillot du Havre dans
les années 1990. « Même si beaucoup viennent du Dinamo Tbilissi, mes
joueurs sont exilés partout en Europe, explique- t-il. Quand ils
reviennent ici, ils veulent participer balle au pied à la
reconstruction de l’identité nationale. »

Alain Giresse peut aussi compter sur l’expérience de Kakha Kaladze,
défenseur au Milan AC, pour tirer son groupe vers le haut. En
attendant, la plus belle victoire de la sélection géorgienne (7-0)
date de 1997. C’était face à l’Arménie. « Je compte bientôt organiser
un match amical face à l’Arménie de Bernard Casoni », glisse Alain
Giresse. Sur le banc, ce jour-là, les deux Français pourront parler
du pays.

From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress

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