HK comme humour

L’Express , France
29 novembre 2004

HK comme humour

par Médioni Gilles

Alexis HK, avec ses chansons pleines de gags, mêle rire à retardement
et talent

Alexis HK est un chanteur comique triste qui adore le cinéma, surtout
Fantômas “sans le son” et les nanars des années 1970. Son premier
album, Belle Ville (2003), se nourrissait de “l’absurde merveilleux”
du quotidien. “Le point de départ de mes chansons est toujours très
simple, dit-il. Je m’inspire de mes propres aventures ou d’anecdotes
lues ici ou là, puis je les fantasme. J’invente des personnages, un
humour, une fiction. Très vite, tout se complique.” Et pas qu’un peu.
Il a chanté, par exemple, les mésaventures de Jean Lefebvre enfermé
dans un placard (le vaudeville), le saut dans le vide mélo-drôlatique
de Gaspard le nain volant et les dérives de Bradonna, le fils caché
de Brassens et de Madonna…

Avec L’Homme du moment, son nouveau disque, il s’attaque à
l’intersyndicale des chaises longues, au coming out d’un travesti de
la gare Saint-Lazare – qui avoue son adhésion à l’UMP – ou à la
libération des “chiens de vieille”. “Ce sont des chansons gags, des
tartes à la crème, des textes pleins d’humour à retardement, analyse
Alexis, goguenard. Mais j’écris aussi des titres plus romantiques,
naïfs, kitsch, premier degré.”

D’une enfance passée dans l’Ouest parisien, ce long jeune homme de 29
ans a retenu “une culture pavillonnaire, les films du dimanche soir à
la télé, des parents qui s’occupent bien de leurs enfants, des
origines arméniennes par mon père…”. Avant de s’appeler HK, Alexis
Djoshkounian épelait généralement son nom jusqu’au milieu: d, j, o,
s, h, k. “On m’arrêtait toujours à k. J’ai résumé l’histoire en deux
lettres.” Etudiant en philosophie “par snobisme de jeunesse”, il
rencontre sur les bancs de la fac de Nanterre Olaf Hund, manager du
label de disques Musiques hybrides, avec lequel il bricole des
morceaux en studio… Quelques concerts plus tard, Alexis enregistre
C’que t’es belle (quand j’ai bu), ballade éthylique, et Phobie,
chanson sur “un névrosé terrorisé à l’idée de se faire sodomiser par
surprise”. C’est peu dire qu’il se fait remarquer… En quelques
années, Alexis HK est devenu l’un des piliers des chanteurs
humoristiques. Ses fameux concerts donnés en cardigan, sous influence
déjantée de Georges Brassens, font date. Plusieurs de ses chansons
dressent d’ailleurs des hommages clairs au chanteur sétois. “Je
l’écoute encore et encore.”

Enfant de la télé, il a toujours un livre ouvert, “car mon ignorance
est une terre infinie”, ment-il. Les dernières élections américaines
l’ont ramené vers “les politiques” d’Aristote, “apprendre à manipuler
pour gouverner. J’en tirerai sûrement une chanson. Désormais, j’ai
décidé d’être sérieux”. Dans Juste une fois, le morceau qui clôt son
disque, il se rêve en cochonnet de liège au beau milieu de six boules
de fer. “Pour interloquer. Pour consterner une dernière fois.” Un
ultime pied de nez.