FEDERATION EURO-ARMENIENNE
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COMMUNIQUE DE PRESSE
02 décembre 2004
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TURQUIE : LA COMMISSION DES AFFAIRES ETRANGERES CONTRE LE PARLEMENT EUROPEEN
Bruxelles, Belgique – La Commission des Affaires Ă©trangères du Parlement
européen (AFET) a adopté le 30 novembre dernier une proposition de
résolution sur le «rapport régulier 2004 et recommandation de la Commission
européenne concernant les progrès réalisés par la Turquie sur la voie de
l’adhĂ©sion », prĂ©sentĂ©e par le dĂ©putĂ© ChrĂ©tien-DĂ©mocrate hollandais Camiel
Eurlings, avec 50 voix pour, 18 contre et 6 abstentions.
Le texte rĂ©sultant du vote de la Commission demande l’abrogation de
l’article 305 du nouveau code pĂ©nal turc. Il s’agit de l’article qui
criminalise les publications censĂ©es mettre en danger les “intĂ©rĂŞts
fondamentaux” de la Turquie, avec les exemples explicites de l’affirmation
du gĂ©nocide des ArmĂ©niens et de l’occupation militaire de Chypre.
Il demande en outre au gouvernement turc de considĂ©rer l’inscription des
monuments appartenant au patrimoine culturel des minorités, tels que
Hasankankeyf, Ani, Zeugma ou Aghtamar au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Deux amendements adoptés font référence au génocide des Arméniens sans le
nommer : l’un d’eux renvoie la question Ă la responsabilitĂ© des
gouvernements armĂ©nien et turc, prĂ©tendant qu’il existe un processus de
réconciliation entre eux, avant de demander au gouvernement turc de rouvrir
les frontières.
Le deuxième, déposé par le socialiste français Michel Rocard, se réjouit de
la rĂ©ouverture d’un prĂ©tendu “MausolĂ©e national armĂ©nien d’Anatolie du
Nord”, de la suppression de l’interdiction pesant sur l’usage des langues
minoritaires dont l’armĂ©nien, du travail remarquable des historiens turcs
sur le génocide et de la renaissance des rapports entre la Turquie et
l’ArmĂ©nie.
La FĂ©dĂ©ration Euro-ArmĂ©nienne note que l’adoption de ces amendements
contestables sur le gĂ©nocide a rĂ©sultĂ© d’un vote très serrĂ© opposant des
forces sensiblement Ă©gales; “la commission Ă©tait scindĂ©e en deux et les
amendements ont Ă©tĂ© adoptĂ©s Ă une très faible majoritĂ©” a dĂ©clarĂ© Laurent
Leylekian, Directeur de la Fédération Euro- Arménienne.
La FĂ©dĂ©ration souligne qu’un nombre rĂ©duit de dĂ©putĂ©s tente de parler au nom
de groupes politiques entiers. Elle rĂ©fute toute une sĂ©rie d’affirmations
mensongères qui figurent dans le rapport : “Le mausolĂ©e armĂ©nien du nord de
l’Anatolie est un mystère pour le monde et pour les ArmĂ©niens eux mĂŞmes ;
nous connaissons les milliers d’Ă©glises et de monastères dĂ©truits pour
effacer la trace des Arméniens de leurs terres ancestrales. Les prétendus
rapports de la Turquie avec l’Etat armĂ©nien sont aussi une vue de l’esprit.
Quant au “remarquable travail” des historiens turcs sur le gĂ©nocide, il est
le fait d’un seul sociologue actuellement en exil en raison du danger
qu’il encourt en cas de retour au pays”. La FĂ©dĂ©ration dĂ©nonce les
historiens officiels du gouvernement d’Ankara pour leur complicitĂ© avec les
purges des archives nationales turques sur la période du génocide.
Globalement, la Fédération considère que ce vote dresse la Commission des
Affaires Ă©trangères contre les positions du Parlement europĂ©en. “Le 14
décembre prochain, lors du vote final à Strasbourg, le Parlement européen
doit réaffirmer ses principes, ceux du 18 juin 1987, réitérés en novembre
2000, en mars 2002, en fĂ©vrier et en mai 2004” a conclu le directeur de la
Fédération.
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Annexes : EXTRAITS DU RAPPORT ADOPTE PAR LA COMMISSION AFET :
– « se fĂ©licite en particulier de la rĂ©forme de la procĂ©dure pĂ©nale, qui
renforce les droits de la dĂ©fense; considère toutefois que l’article 305 du
nouveau code pĂ©nal turc qui sanctionne de supposĂ©es “menaces Ă l’encontre
des intĂ©rĂŞts nationaux fondamentaux” et son exposĂ© des motifs qui cible la
libertĂ© d’expression, relative en particulier aux questions chypriotes et
arméniennes, est incompatible avec la Convention pour la Protection des
Droits de l’homme et des libertĂ©s fondamentales de 1950, et demande donc son
abrogation »
– « croit que les gouvernements de Turquie et d’ArmĂ©nie doivent poursuivre
leur processus de rĂ©conciliation, Ă©ventuellement avec l’assistance d’un
comitĂ© bilatĂ©ral d’experts indĂ©pendants, afin de surmonter explicitement
l’expĂ©rience tragique du passĂ© et demande au gouvernement turc de rouvrir
les frontières avec l’ArmĂ©nie le plus rapidement possible ».
– « invite la Turquie Ă amĂ©liorer considĂ©rablement sa perception des
minorités ethniques ou religieuses, par exemple en soulignant leurs
contributions au patrimoine culturel du pays; demande en particulier aux
autorités turques de tenir certaines de ces contributions spécifiques,
telles Hasankeyf, Ani, Zeugma ou Aghtamar, pour dignes d’ĂŞtre inscrites au
patrimoine mondial par l’Organisation des Nations unies pour l’Ă©ducation, la
science et la culture (Unesco)».
– «considĂ©rant que la rĂ©ouverture du MausolĂ©e national armĂ©nien d’Anatolie
du nord aux pèlerinages, la suppression de l’interdiction d’usage des
langues minoritaires dont le kurde et l’armĂ©nien, ainsi que le remarquable
travail des historiens turcs sur le génocide et la renaissance des rapports
d’État à État avec la RĂ©publique armĂ©nienne sont des pas en avant essentiels
mais qu’il reste nĂ©cessaire d’aller jusqu’au bout de cette dĂ©marche
notamment en rouvrant les frontières entre la Turquie et l’ArmĂ©nie »