La Croix
13 décembre 2004
PORTRAIT. Ariane Ascaride, en solo au thétre.;
Nouvelle année faste pour la comédienne qui reçut un César pour son
rôle dans Marius et Jeannette (1997) de Robert Guédiguian. Elle
s’impose dans un premier film, Les Brodeuses et revient en solo au
thétre de l’Est parisien (Paris) dans un texte cousu main de Serge
Valletti où sa grce et sa force s’imposent.
MIGLIORINI Robert
Au conservatoire d’art dramatique, ses professeurs la voyaient bien
dans des rôles de servantes, discrètes et enjouées. À cinquante ans
Ariane Ascaride s’est fait connaître sur des registres différents et
rêve encore d’endosser d’autres habits que ceux des soubrettes. Elle
s’imagine en vraie aristocrate, de celles qui peuplent les films de
Visconti. Un jour peut-être? “Je m’en rapproche un peu,
confie-t-elle, avec le rôle que m’a confié Véronique Olmi dans la
pièce Mathilde”. Elle y incarne une vraie bourgeoise. “J’ai toujours
préféré les extrêmes”, poursuit-t-elle avec un sourire dans la voix.
En attendant de partir sur les routes pour jouer cette pièce, de
janvier à avril prochain, avec Pierre Arditi, Ariane Ascaride affiche
sa fidélité aux auteurs contemporains avec ce solo de Serge Valletti
Pour Bobby. Du cousu main, conçu par un orfèvre en la matière. La
comédienne et Valletti, tous deux marqués par Marseille, s’étaient
déjà rencontrés dans Papa, folie en cinq actes, un texte d’un des
auteurs les plus joués actuellement en France. “J’ai toujours suivi
le travail de Valletti, assure Ariane Ascaride. Je l’avais découvert
un jour en dégustant, lors d’un voyage en avion, sa pièce Pourquoi
j’ai jeté ma grand-mère dans le Vieux Port. J’ai tellement ri que mon
voisin se demandait ce qui m’arrivait.”
Gaieté et tristesse sont au menu de Pour Bobby, mis en scène par
Michel Cerda. Le solo raconte la quête d’une femme qui cherche sa
place dans la société. Valletti y décline toutes les figures que lui
inspire Ariane Ascaride, s’inscrivant dans une mythologie de thétre:
la femme, la mère, l’actrice, la militante. L’étendue des questions
abordées est large. Être seule sur scène? Ariane Ascaride avait
pourtant juré de ne pas recommencer après une première expérience
pour Le Grand Thétre, à Chaillot, un texte d’Évelyne Pieiller. “Il
faut croire que j’aime avoir peur comme ceux qui aiment sauter à
l’élastique”, reconnaît-elle. Les projets s’enchaînent pour celle qui
a commencé sa carrière au cinéma, en 1977. 2004 est notamment marqué
par le succès des Brodeuses, un premier film d’Eleonore Faucher.
Ariane Ascaride vient elle-même de boucler un scénario qui serait
tourné par son mari, Robert Guédiguian. Elle y évoque le sort de
l’Arménie.