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Jean-Pierre Raffarin : « Il n’y a pas automaticité de la négociation à l’adhésion »;

Le Figaro
22 décembre 2004

ASSEMBLÉE NATIONALE L’intervention du premier ministre à l’Assemblée

Voici les principaux extraits du discours prononcé hier par
Jean-Pierre Raffarin à l’Assemblée nationale.

« Le président de la République a fixé la position de la France : oui
à l’entrée de la Turquie à terme, si elle remplit les critères
d’adhésion à l’Union européenne. Pourquoi ? Parce que, si les
conditions sont réunies, ce sera l’intérêt de la France et de
l’Europe. Ce choix nous engage. Ce n’est pas un choix d’opportunité,
c’est un choix qui s’appuie sur une vision de la France et de
l’Europe.

« Nous proposons à la Turquie de faire sa véritable révolution
européenne. Notre projet européen réunit un projet de paix et de
stabilité, un projet pour la démocratie, les libertés et les droits
de l’homme, un projet de développement économique et social. C’est
sur ces valeurs que la Turquie devra répondre.

« Rien ne condamne la Turquie à l’exclusion éternelle de l’Europe.
Aujourd’hui, nous voulons résolument qu’elle penche du côté européen.
N’ouvrons pas à nos portes un foyer d’instabilité tourné contre une
Europe qui aurait refusé l’espoir.

« Négociation n’est pas adhésion. Il n’y a pas, contrairement aux
caricatures que j’ai entendues, automaticité de la négociation à
l’adhésion. Le processus va être long et durer au minimum dix ans, et
peut être quinze ou vingt. Pour une raison simple : ni l’Europe ni la
Turquie ne sont prêtes aujourd’hui à une adhésion. En Europe d’abord,
et en France en particulier, il faudra du temps pour faire partager à
tous les acteurs concernés l’intérêt de la candidature turque.
Evidemment, La Turquie doit consolider sa démocratie, progresser en
matière de respect des droits de l’homme et des minorités, avec
notamment les tragiques questions arménienne et kurde, confirmer le
processus de réconciliation nationale qui a été engagé avec la Grèce
et régler la question de Chypre dans l’esprit de réconciliation qui
caractérise l’esprit européen.

« Il va de soi, s’il s’avérait que la Turquie ne veut pas ou ne peut
pas adhérer à l’ensemble de ces réformes, que l’Union lui proposera
un lien partenarial en lieu et place de l’adhésion. La possibilité
d’arrêter les négociations est maintenue.

« Toute nouvelle adhésion fera l’objet d’un traité qui sera
obligatoirement soumis, pour ratification, à référendum. Le peuple
souverain aura le dernier mot. »

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