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De la Baltique a la mer Noire, un nouvel arc democratique se profile

Le Figaro, France
07 janvier 2005

De la Baltique à la mer Noire, un nouvel arc démocratique se profile

EUROPE DE L’EST Après l’entrée des pays Baltes dans l’UE, la Géorgie
puis l’Ukraine ont fait leur révolution

par Laure MANDEVILLE

Il y peu encore, l’entrée fracassante des Baltes dans la communauté
des nations de l’Union européenne et de l’Otan apparaissait comme une
sorte d’exception miraculeuse dans un monde postsoviétique en pleine
dérive autoritaire. Mais les révolutions démocratiques de velours qui
ont depuis un an fait basculer la Géorgie puis l’Ukraine dans le camp
des démocraties émergentes pourraient changer la géographie politique
de cette zone clé, si leur évolution se confirme.

Des rives de la Baltique à celles de la mer Noire se profile un «
nouvel arc démocratique ». Prolongeant le « bassin de démocratie »
qui avait émergé ces dernières années en Europe centrale. Dans ce
nouveau contexte, la Biélorussie du dictateur Alexandre Loukachenko,
qui s’est taillé en octobre un référendum sur mesure, afin d’assurer
sa survie au pouvoir, fait désormais figure de contre-exemple à ne
pas suivre. Encouragés par l’élan démocratique du grand frère
ukrainien, les opposants biélorusses se prennent même à rêver d’une
révolution orange, comme le montrent les manifestations qui se sont
tenues à Minsk, en novembre et en décembre.

Les événements de Kiev pourraient aussi encourager la Moldavie à
secouer avec plus de vigueur la tutelle de Moscou, qui continue d’y
influencer les choix politiques, grce au levier de la petite enclave
séparatiste mafieuse de Transdniestrie. D’ailleurs, de Vilnius à
Tbilissi en passant par Kiev, de nouvelles solidarités se forment.
Jadis parties du puzzle d’un empire ultracentralisé, les nouveaux
pays de l’ex-URSS ne regardaient que vers Moscou. Après la
proclamation de leur indépendance, ils avaient tous tourné leurs
regards vers Bruxelles. Dans leur marche vers l’ouest, ils se
sentaient en concurrence, plutôt que solidaires. Mais ces approches
changent à grande vitesse. Désormais, raconte le président géorgien,
Mikhaïl Saakachvili, la Géorgie n’a pas « meilleurs avocats que les
Baltes », qui « comprennent parfaitement ses problèmes et ses
difficultés pour avoir traversé les mêmes ».

Sensibles aux difficultés de leurs frères géorgiens, qui se heurtent
comme eux aux tropismes impériaux du Kremlin, Lituaniens, Lettons et
Estoniens sont en première ligne pour tenter d’accélérer la marche
vers l’Europe de la Géorgie. « Ils nous conseillent d’ailleurs d’unir
nos efforts avec ceux de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, pour créer
une dynamique économique et politique de stabilisation et de
développement », confiait en octobre le président géorgien.

Au plus fort de la révolution orange, les Baltes ont également joué
un rôle actif, avec la Pologne, pour mobiliser l’Union européenne.
Les liens d’amitié qui existent entre le nouveau président de
l’Ukraine, Viktor Iouchtchenko, et Mikhaïl Saakachvili, qui a étudié
à Kiev, devraient aussi contribuer à créer des dynamiques communes
dans la région.

La Russie de Vladimir Poutine s’en inquiète, percevant ces
révolutions en série comme un scénario concocté à Washington et à
Bruxelles pour l’affaiblir et l’encercler. Une perception « impériale
» que les diplomaties européennes doivent s’employer à changer,
expliquait il y a quelques jours le ministre des Affaires étrangères
géorgien, Salomé Zourabichvili. Pour mieux convaincre la Russie que
la progression de l’arc démocratique vers ses frontières ne peut que
lui profiter.

Tatoyan Vazgen:
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