Agence France Presse
24 mars 2005 jeudi 8:00 PM GMT
Poutine à Erevan pour s’assurer de la fidélité de son allié dans le
Caucase (ECLAIRAGE ACTUALISE)
EREVAN 24 mars 2005
Le président russe Vladimir Poutine est arrivé jeudi soir à Erevan
pour une visite de travail visant notamment à s’assurer de la
fidélité de son meilleur allié dans le Caucase, alors que la Géorgie
voisine et d’autres pays de l’ex-URSS se tournent vers l’Occident.
M. Poutine et son épouse Lioudmila ont été accueillis à l’aéroport
par son homologue Robert Kotcharian et sa femme. Les deux couples
devaient dîner ensemble, avant d’aborder l’essentiel du programme de
visite le lendemain.
“Les positions de la Russie dans la Caucase se sont affaiblies vu le
tournant pro-occidental pris par la Géorgie. Poutine tentera de
sauver l’Arménie de l’influence américaine et d’obtenir d’Erevan un
voeu de fidélité”, souligne l’analyste Viktor Kremeniouk de
l’Institut USA-Canada à Moscou.
L’Arménie, en conflit avec ses voisins (l’Azerbaïdjan à propos de
l’enclave de Nagorny Karabakh, territoire azerbaïdjanais peuplé
majoritairement d’Arméniens, et la Turquie avec laquelle elle n’a pas
de relations diplomatiques à cause du génocide arménien de 1915),
reste l’alliée la plus fidèle de Moscou dans la région, et abrite une
importante base militaire russe.
“Tout gouvernement arménien fera des concessions politiques et
militaires à la Russie tant que ces deux problèmes ne seront pas
levés”, souligne l’analyste arménien Alexandre Iskandarian.
La tendance pourrait changer, selon M. Kremeniouk et l’Arménie sous
l’influence d’une importante diaspora qui vit aux Etats-Unis et en
Europe pourrait se tourner vers l’Occident comme la Géorgie,
l’Ukraine ou la Moldavie.
Le problème du Nagorny Karabakh ainsi que la construction d’un
gazoduc entre l’Arménie et l’Iran, vu d’un mauvais oeil par Moscou,
devraient également être abordés au cours de cette visite.
“Poutine pourrait donner des garanties à Erevan que la Russie
soutiendra la position de l’Arménie” pour laquelle l’indépendence du
Karabakh n’est pas négociable, souligne M. Kremeniouk.
Le Karabakh a proclamé son indépendance en 1991, avec le soutien
d’Erevan qui l’a défendu durant une guerre de trois ans, faisant près
de 30.000 morts et un million de réfugiés.
Un cessez-le-feu a été signé en 1994, mais un traité de paix est
toujours en cours de négociation.
La Russie co-préside avec la France et les Etats-Unis le groupe de
Minsk chargé par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe (OSCE) de trouver une solution négociée à ce conflit.
Le gazoduc que l’Arménie et l’Iran ont commencé à construire en fin
de l’année dernière en dépit de l’opposition de Moscou et de
Washington “inquiète la Russie qui craint de perdre son monopole sur
le marché gazier arménien”, souligne M. Iskandarian.
Ce gazoduc pourrait à l’avenir être utilisé pour faire transiter le
gaz iranien vers la Géorgie et l’Ukraine, deux ex-républiques
soviétiques désormais pro-occidentales et qui dépendent de livraisons
de gaz russes.
Vendredi le président russe s’entretiendra avec M. Kotcharian et le
catholicos arménien Karékine II. Il participera également à la
cérémonie d’ouverture de l’Année de la Russie en Arménie alors que
Mme Poutine inaugurera pour sa part avec la première dame arménienne
un centre du livre russe dans cette république caucasienne qui
abandonne progressivement la langue de Pouchkine depuis la fin de
l’URSS en 1991.
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