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Libération, France
vendredi 01 avril 2005

Folie dans la famille»

Des nouvelles de William Saroyan.

Par Frédérique FANCHETTE

William Saroyan, «Folie dans la famille». Le Livre de poche «biblio»,
traduit de l’anglais, 192 pp., 5,50 .

Les nouvelles de William Saroyan sont pleines d’enseignements. On y
apprend comment choisir une épouse ou repousser un importun.
Certaines se terminent par une morale, d’autres très abruptement,
comme celle de ce serpent sans fin, venu boire du lait dans une
chambre d’enfant. On y trouve des dictons – «moins vite au mariage,
moins vite à la tombe» – , et le feu y est «philosophique». Ecrits
entre 1961 et 1977, ces textes qui conduisent le lecteur dans
l’univers des Arméniens d’Amérique ont un air de similitude avec le
monde d’Isaac Bashevis Singer. Il y a là le même humour devant les
déconvenues, le sens des raccourcis, et la mélancolie des exilés.
Mais on n’est pas en Amérique pour se laisser aller, et chez les
Bashmanian, célèbres pour leur «attachement aux biens de ce monde» et
leur «sagesse», il s’agit de prospérer. Première étape : mourir.
L’oncle Votoran, tailleur, ne trouvera la tranquillité d’esprit que
lorsque la famille comptera sa première tombe dans le Nouveau Monde.
William Saroyan parle aussi très bien des enfants. Ainsi cette petite
fille qui veut «une pêche habitée» ou ce garçon de quatre ans, saisi
sur une plage par le soleil de midi, et qui court, court et pleure,
fuyant «l’amour, trop grand, trop exigeant».