Genocide armenien: Quid mis en cause defend sa liberte Editioriale

Agence France Presse
25 mai 2005 mercredi 5:50 PM GMT

Génocide arménien: le Quid mis en cause défend sa liberté éditioriale

PARIS 25 mai 2005

Le Quid, célèbre ouvrage encyclopédique, mis en cause devant le
tribunal de grande instance de Paris par des associations pour sa
présentation du génocide arménien, a défendu mercredi sa liberté
éditioriale affirmant n’avoir jamais voulu remettre en cause
l’existence du génocide.

Le Comité de défense de la Cause arménienne (CDCA), auquel s’étaient
jointes plusieurs associations, dont l’Union des étudiants juifs de
France (UEJF), J’accuse et Mémoire 2000, remettaient en cause la
présentation faite par le Quid 2003 du massacre des Arméniens par la
Turquie, estimant qu’elle aboutissait à nier le caractère génocidaire
de cet évènement historique.

Le CDCA reprochait notamment aux auteurs de l’ouvrage d’avoir écrit
pour l’année 1915: “Transfert d’Arméniens vers les province
méridionales de l’Empire ottoman (…) nombreux décès (épidémie,
maladie) pendant le voyage”.

Pour Me Bernard Jouanneau, avocat du CDCA, le Quid a ainsi “gommé les
massacres et donc forcément l’aspect génocidaire”. En outre, “Le
génocide arménien est présenté comme une thèse et non comme un fait
avéré”, a-t-il poursuivi devant la 17e chambre réunie en formation
civile.

Pour l’avocat, par cette présentation, “les victimes déjà privées de
sépulture se voient ainsi en plus privées de préserver leur mémoire”.

Les associations réclament un euro de dommages-intérêts et la
possibilité de modifier la rédaction des chapitres concernés.

Dans son édition 2005, le Quid a déjà changé certaines formulations,
une “manière de reconnaître que nous avions touché juste”, selon Me
Jouanneau.

Pas du tout, a répondu Me William Bourdon, défenseur de Robert
Laffont, éditeur du Quid, et de Fabrice Frémy, directeur général de
l’ouvrage, n’y voyant “aucun aveu” de la part de ses clients.

“Une chose est de dire que la présentation n’était pas parfaite, une
autre de considérer qu’elle est juridiquement condamnable”, a
notamment affirmé Me Bourdon, estimant que le débat lancé par les
associations n’avait pas sa place dans une enceinte judicaire.

En outre, dans plusieurs passages, le Quid fait mention du crime
contre l’humanité que représente le massacre des Arméniens.

Interrogé par l’AFP à l’issue de l’audience, M. Frémy a qualifié de
“procès d’intention” l’action des associations, revendiquant de
donner le point de vue turc sur la question arménienne.

“Donner la parole aux génocidaires permet aussi un contact avec la
réalité, et peut les amener à finir par reconnaître ce qui s’est
passé, la parole doit être donnée aux deux parties avec toutes les
réserves qui s’imposent”, a-t-il expliqué, citant les démarches
suivies par Claude Lanzmann dans “Shoah” ou celle du réalisateur
cambodgien Ritty Pahn dans son film “S-21, la machine de mort khmère
rouge”.

Jugement le 6 juillet.