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Les jeunes du Karabakh : guerre ou paix sur l’internet

Agence France Presse
20 juin 2005 lundi 8:09 AM GMT

Les jeunes du Karabakh : guerre ou paix sur l’internet (PAPIER
D’ANGLE)

Par Mariam HAROUTIOUNIAN

STEPANAKERT (Azerbaïdjan) 20 juin 2005

Albert a 15 ans et se rend chaque jours après l’école dans un
café-internet de Stépanakert, la principale ville du Nagorny
Karabakh, pour bavarder sur la “toile” avec tous les garçons et les
filles de son ge. A condition qu’ils ne soient pas azerbaïdjanais.

Albert ne se souvient ni des bombardements, ni de la vie dans les
caves pendant la guerre avec les forces de Bakou qui a débuté en 1988
et s’est poursuivie pendant de longues années pour aboutir à la
séparation de l’enclave arménienne du reste de l’Azerbaïdjan. Mais
son père a été tué et la maison familiale détruite.

“Je n’ai jamais vu un seul Azerbaïdjanais, mais je les considère
comme des ennemis. S’il n’y avait pas eu cette guerre avec eux, mon
père serait vivant et notre maison serait intacte”, dit l’adolescent.

“Je me suis fait beaucoup d’amis sur les forums de dialogue russes et
arméniens. On parle foot et ciné. J’aimerais échanger aussi avec
d’autres étrangers, savoir comment ils vivent et à quoi ils pensent,
mais la langue est encore une barrière”, raconte l’adolescent.

Il fait partie de la nouvelle génération qui n’a pratiquement pas
connu l’époque où le Nagorny Karabakh était une province
azerbaïdjanaise. Mais les échanges de tirs survenant de temps à autre
à la frontière lui rappellent régulièrement que la guerre n’est pas
vraiment terminée.

Cette génération a également intégré le fait qu’il n’y aura pas de
retour en arrière. “Nous ne vivons pas trop mal sans l’Azerbaïdjan
et, franchement, je ne comprends pas les hommes politiques qui
voudraient encore nous remettre sous sa coupe”, dit Narek, un jeune
homme de 17 ans, déjà à l’université où il suit des cours d’économie.

L’approche de Svetlana, une juriste de 27 ans qui a connu à un ge
plus avancé la guerre, est différente : elle dialogue volontiers avec
des Azerbaïdjanais par l’intermédiaire de son ordinateur.

“J’ai peur de la guerre et je ne voudrais pas qu’elle se répète.
C’est pourquoi nous devons communiquer, nous connaître mutuellement,
apprendre à nous faire confiance”, dit-elle.

Après la guerre, les jeunes du Karabakh étaient obligés de “monter” à
Erevan pour continuer leur formation. Aujourd’hui, il est possible de
faire des études supérieures à Stépanakert. Et le soir, les étudiants
emplissent les trottoirs, les cafés et les discothèques du principal
boulevard de la ville.

Ils y discutent souvent politique : l’essentiel ne leur paraît pas de
savoir qui remportera les élections législatives de dimanche dernier,
mais que leur déroulement sera libre et honnête, avec une bonne
participation.

“Nous voudrions profiter de notre jeunesse dans un pays à la fois
développé et démocratique”, dit Narek.

Tashjian Arbi:
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