PRESS RELEASE
Switzerland-Armenia Association
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The Grand Council of the Canton of Vaud
Formally Recognizes the Armenian Genocide
Report of the Switzerland-Armenia Association (SAA)
Lausanne, Palais de Rumine, 5 July 2005
In the same room in which the Treaty of Lausanne was signed, after a
dignified debate, the Grand Council (legislative bodies) of the Canton
of Vaud rejected this morning a report of the State Council (executive
body) – written under the supervision of the Federal Council (Swiss
government), published on January 12, 2005 – refusing to characterize
the massacres of the Armenians in 1915 as Genocide. This report has
been issued by the State Council as an answer to the postulate Sandri,
adopted in 2003 by the Grand Council, which was demanding the
recognition of the Armenian genocide by the State Council.
While not wanting to condemn either the Turkish people or the current
government, yet maintaining the importance of honoring the Armenian
people, the Grand Council followed the recommendations of the
commission charged with examining the original report, and adopted a
formal resolution recognizing the Armenian Genocide.
Before voting, the final brief intervention of Cantonal Minister
Jean-Claude Mermoud, director of DIRE (Institutions and External
Relations Department) no longer evoked the main arguments of the
report: the absence of intention of the crime committed by the Young
Turks against the Armenians at the turn of the last century and the
points aimed at diminishing the importance of the worldwide recognition
of the Armenian genocide. The document, which was rife with
imprecisions and omissions – more than simple misjudgment – reflected
the desire not to displease the Swiss Foreign Ministry and the Seco
(State Secreteriat for Economy), given the obvious fact that a topic
close to the highly sensitive nerves of an economic partner (Turkey)
was being touched. Minister Mermoud said that the only difference with
the commission was in “how” to accomplish the task of remembrance and
that he would not place any obstacles in the work of the Swiss Foreign
Ministry.
Fortunately, the representatives – of all political backgrounds –
recognized the erroneous arguments of this report and rejected it with
overwhelming majority (with 85 votes in favor, 51 against, and 12
abstentions). Moreover, they reiterated the task of remembrance assumed
following the adoption of the Sandri postulate, on 23 September 2003,
which resulted in the cancellation of Foreign Minister Calmy-Rey’s
visit to Turkey ten days later.
In the very place where the great European powers and Turkey sanctioned
in 1923 the termination of the political rights of the Armenians, the
Grand Councilors today reaffirmed not only the appropriateness, but
also the responsibility of political bodies to characterize as genocide
this crime against humanity in adopting by an overwhelming majority (86
votes in favor, 35 against, and 25 abstentions) the following
resolution:
« The Grand Council of the Canton of Vaud recognizes the Genocide of
the Armenian people of 1915 and honors the memory of its victims. »
For more information, would you please consult the Website
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IN FRENCH
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Le Grand Conseil vaudois
reconnaît formellement le génocide des Arméniens
Compte rendu de l’Association Suisse-Arménie (ASA)
Lausanne, Palais de Rumine, le 5 juillet 2005
Dans la salle même où avait été signé en 1923 le Traité de Lausanne
qui voulait clore la question arménienne, et suite à un débat qui
s’est distingué par la dignité de ses propos, le législatif vaudois a
ce matin reconnu formellement le génocide des Arméniens. Il a pour
cela rejeté un rapport, rédigé en collaboration avec le Conseil
fédéral, dans lequel le Conseil d’État refusait de caractériser comme
génocide les crimes commis en 1915 contre les Arméniens. Ce rapport
faisait réponse au Postulat Sandri adopté en 2003.
Tout en soulignant ne pas vouloir condamner ni la population turque ni
le gouvernement actuel, mais bien désirer honorer le peuple arménien,
le parlement cantonal a suivi, par une nette majorité, la
recommandation de la commission chargée d’examiner ce rapport. Cette
commission recommandait de rejeter le rapport et d’adopter une
résolution de reconnaissance formelle du génocide des Arméniens.
Le Conseiller d’État Jean-Claude Mermoud, directeur du DIRE, semblait
fort pressé de conclure au plus vite une affaire qu’il n’arrivait plus
à maîtriser. Sa courte intervention finale n’évoquait plus l’absence
d’intentionalité du crime commis par les Jeunes Turcs à l’encontre des
Arméniens, et surtout elle ne revenait plus sur les argumentations
visant à affaiblir l’importance de la reconnaissance internationale du
génocide des Arméniens. Ces motivations constituaient pourtant la
colonne vertébrale du rapport du Conseil d’État, soulignant ainsi la
superficialité qui avait caractérisé sa rédaction. Le document, plein
d’imprécisions et dont l’ampleur des lacunes allait bien au-delà de la
simple méconnaissance (cf. en annexes la rapport de l’ASA), et qui
touchait à un argument fort sensible pour le partenaire économique
turc, arrivait mal à cacher la volonté de ne pas déplaire au DFAE et
au Seco. M. Mermoud devait conclure en disant qu’il ne s’opposait que
dans la manière d’accomplir le devoir de mémoire.
Les députés – toutes tendances confondues – ont reconnu les erreurs du
rapport et l’ont nettement rejeté par 85 voix contre, 51 pour et 12
abstentions. Ils ont en outre réitéré le devoir de mémoire assumé lors
de l’adoption du postulat Sandri, le 23 septembre 2003. Celui-ci avait
immédiatement provoqué l’annulation par Ankara de la visite de Madame
Calmy-Rey en Turquie, prévue dix jours plus tard. Ainsi, dans ces
lieux mêmes où les Puissances européennes avaient décrété en 1923,
avec la Turquie, la fin des droits politiques des Arméniens, les
Grands conseillers ont eux réaffirmé non seulement la pertinence, mais
surtout la responsabilité du politique de caractériser comme génocide
ce crime contre l’humanité et ils ont adopté, à une écrasante majorité
(86 voix pour, 35 contre et 25 abstentions) la résolution de
reconnaissance suivante:
« Le Grand Conseil du Canton de Vaud reconnaît le génocide du peuple
arménien de 1915 et honore la mémoire des victimes ».
Les interventions:
Suite à la présentation, par le président du groupe M. Roger Saugy,
des conclusions de la commission recommandant de rejeter le rapport du
Conseil d’État et d’adopter le projet de résolution, le député
Alexandre Bidaub (PS) analysait de façon très structurée les
contradictions du rapport; il rappelait la Convention de l’ONU de 1968
sur l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité et des crimes de
guerre, et il concluait que les États fédéraux, en tant que sujets
politiques indépendants, ont les mêmes compétences que les parlements
nationaux en matière de droits humains. M. Jean-Claude Gogniat
(libéral), opposé à l’adoption de la résolution, partait du fait que
beaucoup d’autres génocides n’avaient pas été reconnus jusqu’à présent
et qu’il n’y avait donc pas raison de reconnaître spécifiquement
celui-ci. Selon lui, la Turquie devrait accomplir son devoir de
mémoire seule, sans que l’on exerce sur elle une pression
externe. M. Jean Martin (radical) rappelait lui le juste droit du
Grand Conseil de juger s’il y avait eu génocide. Il était suivi par
François Cadosch (libéral), qui affirmait l’importance pour la Turquie
de laver une fois pour toute devant tous cette tâche de sang de son
drapeau. M. Régis Courdesse (libéral) devait souligner la
superficialité du rapport du Conseil d’État, tandis que M. Christian
Polin rappelait la toute nouvelle reconnaissance du génocide arménien
par le Bundestag allemand et rejettait le rapport, ne voulant pas
devenir ainsi complice de la négation de ce crime contre
l’humanité. M. Massimo Sandri (POP), auteur du postulat qui avait
débouché sur ce rapport, rappelait la phrase de Hitler: `Qui se
rappelle encore donc de l’extermination des Arméniens`, pour conclure
qu’il fallait justement en parler aujourd’hui et ici, dans cette même
salle où avait été signé le Traité de Lausanne. Il faisait projeter
une photo d’époque, où l’on reconnaissait les mêmes tables sur
lesquelles avait été signé le traité qui devait sceller la naissance
de la Turquie moderne et, en même temps, la condamnation des Arméniens
à l’oubli. M. Pierre Zwahlen (PS) intervenait en disant que cette
résolution pouvait aider la Turquie dans son travail de mémoire et que
l’art. 91 de la Constitution vaudoise autorisait le GC a entreprendre
une telle démarche de reconnaissance formelle. M. Denis Bouvier (POP)
introduisait alors une version amendée de la résolution, où le nom de
l’Empire ottoman apparaissait dans le cadre de la responsabilité de ce
génocide. Suite à une critique provenant notamment de l’UDC
(M. Jacques Chollet), préferant nettement la version concise de la
résolution, M. Bouvier décidait finalement de retirer sa
proposition. M. Jean-Claude Rochat (radical) soulignait l’importance
de rendre honneur aux victimes de ce génocide et rappelait que c’était
justement à la suite des pressions politiques externes que l’on
arriverait à pousser un État comme la Turquie à accomplir son devoir
de mémoire.
Pour conclure, le Conseiller d’État Jean-Claude Mermoud a pris la
parole en dernier, affirmant que sa seule divergence d’avec les
intervenants tenait dans la manière d’accomplir ce devoir de mémoire.
Il a exposé les difficultés diplomatiques intervenues à la suite de
l’adoption du postulat Sandri et ceci l’avait poussé à prendre contact
avec le Département de Madame Calmy-Rey. Il souhaitait que cette
résolution n’apporte pas d’avantage de difficultés aux relations
diplomatiques entre la Suisse et la Turquie. Après septante minutes
d’interventions caractérisées par une grande dignité, et destinées par
leur teneur au plus large public de toute la société vaudoise et
suisse, la discussion s’est terminée par l’adoption de la résolution
affirmant le reconnaissance du génocide des Arméniens.
DFAE Département fédéral des affaires étrangères
DIRE Département des institutions et des relations
extérieures (du
Canton de Vaud)
Seco Secrétariat d’Etat à l’économie