Le Temps
19 juillet 2005
Manifestations sous haute surveillance à Lausanne;
VAUD. Kurdes et Turcs célébreront les 82 ans du Traité de Lausanne,
mais sans se croiser.
Lausanne se prépare à une journée de commémoration sous haute tension
le 24 juillet. A l’occasion des 82 ans du Traité de Lausanne, acte de
naissance de la Turquie moderne, Turcs et Kurdes appellent à
manifester dans la capitale vaudoise.
Pas question cependant que les deux communautés se croisent à
Lausanne. La Municipalité a décidé hier d’autoriser les
rassemblements, mais dans deux endroits distincts, avec interdiction
de se déplacer dans les rues. Les Turcs organiseront ainsi leur
célébration sur la place du Port et au Beau-Rivage Palace, tandis que
les Kurdes se rassembleront devant le Palais de Rumine. Des mesures
de sécurité seront prises pour éviter que des militants des deux
bords se rencontrent en marge des manifestations.
«Nous avons évalué tous les scénarios possibles et c’est le seul qui
nous a paru satisfaisant», explique le syndic, Daniel Brélaz. Selon
la Municipalité, chaque communauté pourrait mobiliser entre 1000 et
2000 personnes. «Ce sera essentiellement des gens venus de
l’extérieur», annonce Daniel Brélaz. En Turquie, un site internet
() annonce déjà la manifestation, y compris
les vols charters au départ d’Ankara et d’Istanbul
C’est la première fois que Lausanne connaît une telle situation.
«Jusqu’à récemment, les Turcs n’avaient pas l’habitude de
manifester.» Selon le syndic, les interventions de parlementaires
suisses en faveur d’une reconnaissance du génocide arménien ont
incité les communautés turques à plus de visibilité. La question
arménienne pourrait d’ailleurs s’inviter le 24 juillet.
L’anniversaire du Traité de Lausanne intervient alors que le Grand
Conseil vaudois a officiellement reconnu le génocide de 1915 le 5
juillet. «Les Arméniens n’ont pas encore demandé à manifester,
constate Daniel Brélaz. Mais s’ils s’annoncent, nous leur proposerons
de venir aussi à la Riponne.»
Un jour noir
Si le 24 juillet 1923 est un jour historique pour la Turquie, qui
voit les puissances occidentales reconnaître les frontières actuelles
du pays, c’est aussi un jour noir pour les minorités de la région.
Alors que l’ancien Traité de Sèvres (1920), signé par les Alliés et
le gouvernement vaincu de l’Empire ottoman, confiait à la France et
au Royaume-Uni l’administration de plusieurs zones, dont l’Arménie,
le texte signé au Palais de Rumine restitue à la Turquie les
territoires contestés, sans faire mention des minorités.
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