Le Temps
28 juillet 2005
Berne et Ankara campent sur leurs positions;
GENOCIDE. Ambassadeur suisse entendu en Turquie.
Walter Gyger, ambassadeur de Suisse en Turquie, a Ă©tĂ© invitĂ© Ă
s’expliquer mercredi au MinistĂšre turc des affaires Ă©trangĂšres sur
les enquĂȘtes ouvertes par la justice suisse contre un politicien et
un historien turcs pour négation du génocide arménien. Ankara avait
vivement protestĂ© contre l’enquĂȘte ouverte durant ce week-end contre
Dogu Perincek.
Celle pour nĂ©gation de gĂ©nocide contre Yusuf Halacoglu avait dĂ©jĂ
valu Ă Walter Gyger d’ĂȘtre convoquĂ©.
«Les deux parties ont expliqué leurs positions», commente Ivo Sieber,
porte-parole du Département fédéral des affaires étrangÚres. «Nous
avons rappelĂ© que la libertĂ© d’expression est garantie en Suisse mais
que minimiser, nier ou justifier un génocide tombe sous le coup de
l’article 261 bis du Code pĂ©nal.» Il ajoute: «Nous avons aussi
rappelé la stricte séparation des pouvoirs et souligné que le cas de
Dogu Perincek est entre les mains de la justice.» Ankara a de son
cĂŽtĂ© dĂ©clarĂ© que les enquĂȘtes du MinistĂšre public de Winterthour
contre l’historien et le chef du Parti des travailleurs turcs
allaient «à l’encontre du droit international». Elle exige l’abandon
de ces enquĂȘtes.
Ce jeudi, l’ambassadeur turc en poste Ă Berne aura l’occasion
d’exprimer son irritation Ă Jean-Jacques de Dardel, en charge de la
division politique I du DFAE. Le besoin de clarifier ces tensions se
fait grandissant pour ne pas compromettre le voyage de Joseph Deiss:
le ministre de l’Economie est censĂ© se rendre en Turquie dans un
mois.