Trio Alpha: un menage a trois qui pratique la musique de chambre

Charente Libre
6 avril 2006

Trio Alpha: un ménage à trois qui pratique la musique de chambre

par Laurence GUYON

Trois jeunes musiciennes charentaises ont formé un trio avec violon,
violoncelle et piano. Le groupe fourmille de projets

Entre l’enseignement, l’orchestre et la musique de chambre, on est
comblées, sourit Cécile Mardikian, unanimement approuvée par Cécile
Boy-Riva et Rachel Maté. Les trois jeunes musiciennes ont en effet
décidé d’ajouter une corde à leur… archet en créant le Trio Alpha
(1). A l’école nationale de musique d’Angoulême, Cécile Mardikian
enseigne le violon, Cécile Boy-Riva le violoncelle, et la pianiste
Rachel Maté, le déchiffrage. Elles ont leur place au sein de
l’orchestre Poitou-Charentes et d’Opus 16, et Rachel Maté mène aussi
une carrière de soliste. Abondamment dotées de premiers prix de
toutes sortes, elles totalisent, depuis leur plus tendre enfance,
plus de 80 ans de pratique musicale à elles trois. Elles n’ont donc
plus à faire leurs preuves. Et pourtant…

Comme pianiste, on est souvent seul, confie Rachel Maté, venue de
Londres. Alors on a parfois besoin d’échanger avec d’autres. Monter
une formation en trio permet de trouver un équilibre. Cécile Boy-Riva
avait l’expérience du quatuor à cordes: Dans ce cas, le violoncelle
est principalement une basse. Avec le trio, je peux m’exprimer
totalement, mon instrument a toute sa place. Pour Cécile Mardikian,
ce trio avec piano, unique dans le département, permet de faire
entendre tout un répertoire aux Charentais… en nous faisant
plaisir.

Et puis il y a la nécessité d’avoir une activité artistique
complémentaire: Je ne conçois pas d’être prof sans jouer, commence
Cécile Boy-Riva. Ce serait comme un chirurgien qui donnerait des
cours sans opérer, poursuit Cécile Mardikian. Et puis, reprend la
violoncelliste, ça permet de se perfectionner pour la pratique
instrumentale, il y a un gros travail personnel sur chaque oeuvre. Et
puis il y a la recherche sur l’interprétation, qui les oblige à
s’interroger sur ce que le compositeur a voulu dire, et sur la
meilleure façon de rendre ce sentiment.

De la France à l’Arménie

Alors les trois amies ont franchi le pas, et ont fondé leur groupe il
y a maintenant deux ans. Si pour l’instant, elles se sont plutôt
cantonnées à des concerts à visées pédagogiques, les projets ne
manquent pas. Leur répertoire actuel va de Beethoven à Haydn, de
Schumann à Brahms, en passant par Ravel, Fauré ou Chostakovitch. Nous
avons aussi un projet axé sur la musique française, avec justement
Gabriel Fauré, et Thierry Escaich, un compositeur gé d’une
quarantaine d’années, expliquent-elles.

Elles veulent monter un concert dédié à la musique arménienne, pour
marquer à leur façon l’année de l’Arménie en France. Un autre concert
est en gestation, en hommage à Henri Dutilleux, compositeur français
qui fête cette année son 90e anniversaire. Et puis le trio a envie de
participer à des concours, à des masterclass, histoire de se frotter
à d’autres, de relever d’autres défis.

Au fait, pourquoi ce nom de Trio Alpha ? Rachel Maté éclate de rire:
On ne pouvait pas l’appeler “Trio Cécile”, parce que je ne m’appelle
pas Cécile. Non, c’est parce qu’on débute… Alpha, c’est la première
lettre de l’alphabet grec. C’est le début d’une longue histoire,
sourit Cécile Boy-Riva. Rachel Maté ajoute: C’est aussi une référence
à la musique contemporaine. Nous rêvons d’être les premières
interprètes d’une oeuvre qui aurait été écrite pour nous.

La musique contemporaine revient souvent dans leurs préoccupations.
Car si elles ont un solide répertoire classique ou romantique, elles
affirment: C’est important de jouer la musique de compositeurs
vivants. C’est notre rôle à nous de continuer ça.

(1) Concert-conférence, vendredi

7 avril à 12h30 au conservatoire

Gabriel-Fauré, autour de l’oeuvre

de Chostakovitch, avec le Trio Alpha. Entrée libre.