CINEMA: LA PROMENEUSE D’EREVAN
par Marie-Aimee Bonnefoy
Charente Libre , France
1 juillet 2006
Avec Ariane Ascaride, sa compagne et fidèle interprète, Guediguian
retrouve le fil de ses origines. Le plus marseillais des Armeniens
part pour un periple au pays de ses ancetres et son Voyage en Armenie
commence evidemment du côte de l’Estaque.
Anna y est cardiologue. Après l’avoir ausculte, elle annonce a son
père, Barsam, qu’il doit subir une operation. Mais celui-ci disparaît,
laissant des indices pour que sa fille vienne le retrouver la ou il
est. Voila la rigide Anna, obligee de partir dans un pays qu’elle
ne connaît pas et n’a nulle envie de connaître. Or dès lors qu’elle
atterrit a Erevan, elle realise qu’elle n’est pas la uniquement
pour retrouver son fugueur de père mais pour etre confrontee a son
armenite…
Le propos de Guediguian est personnel. Rien a voir avec Le promeneur
du Champ-de-Mars qui dressait un portrait subjectif de Mitterrand
a la veille de sa mort. Il a ici realise un film a son usage sans
doute pour apprendre a aimer et tolerer ce qu’est devenue la terre
de ses aïeux. S’il est sincère, Guediguian est toutefois maladroit
dans la facon de bâtir une intrigue. Les rencontres d’Anna semblent
aussi artificielles que les peripeties policières qui arrivent aux
personnages.
Sans doute l’histoire n’etait-elle pas la priorite du realisateur
que l’on sait depuis toujours engage a gauche. Elle etait juste un
pretexte aux decouvertes: les difficultes des petites gens depuis la
fin du communisme, la survivance de la foi dans ce qui fut le premier
royaume chretien, l’attachement au mont Ararat situe en territoire
turc… Mais aussi l’emergence d’une nouvelle economie mafieuse,
capitalisme du troisième type qu’Anna nomme l’internationalisme de
la saloperie
Guediguian constate et analyse. Il est genereux et vrai. Il evite
tout jugement hâtif et sait faire entendre tous les points de vue.
Mais son discours tombe vite dans une demonstration un peu trop
didactique. Son film de deux heures aurait gagne a etre plus concis,
il aurait tout autant convaincu et davantage persuade.
Voyage en Armenie de Robert Guediguian avec Ariane Asacaride et Gerard
Meylan, salle Nemo Angouleme.
GRAPHIQUE: Dans Voyage en Armenie avec Ariane Ascaride, Guediguian
retrouve le fil de ses origines * repro CL
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