Chirac lie implicitement l’adhesion turque/l’UE a la reconnaissance

Agence France Presse
27 septembre 2006 mercredi 5:24 PM GMT

Chirac lie implicitement l’adhésion turque à l’UE à la reconnaissance
du génocide arménien

Jacques Chirac a implicitement lié l’adhésion de la Turquie à l’Union
européenne à la reconnaissance du génocide arménien, affirmant qu’il
s’agit de "l’esprit même de la construction européenne", dans une
interview aux "Nouvelles d’Arménie" rendue publique mercredi par le
mensuel.

M. Chirac doit effectuer, de vendredi à dimanche, la première visite
d’Etat d’un président français dans cette ex-république soviétique du
Caucase du Sud.

La France s’est toujours refusée à établir un lien direct entre les
deux questions, les Européens n’ayant pas fait de la reconnaissance
du génocide arménien de 1915 une condition de l’entrée d’Ankara à
l’UE.

La Turquie a entamé en octobre 2005 des négociations en vue d’une
entrée dans l’UE dans dix ou quinze ans.

Rappelant qu’il était à ses yeux "essentiel" que la Turquie reste
ancrée à l’Occident, M. Chirac, interrogé sur le génocide, a souligné
que "l’Europe, c’est d’abord un effort de réconciliation, de paix, de
respect et d’ouverture aux autres", ajoutant que cela "s’est traduit
toujours et partout par un effort de mémoire".

"Même si c’est un processus long et difficile, j’ai confiance dans la
capacité de la Turquie à mener ce devoir de mémoire à son terme, car
l’enjeu, c’est l’esprit même de la construction européenne", a
déclaré le chef de l’Etat.

Les Arméniens estiment que jusqu’à 1,5 million des leurs ont péri
dans un génocide orchestré par l’Empire ottoman entre 1915 et 1917.
Ankara affirme que des massacres ont été commis de part et d’autre et
récuse les accusations de génocide.

Jacques Chirac a par ailleurs appelé l’Arménie et l’Azerbaïdjan, qui
se disputent depuis près de 20 ans l’enclave du Nagorny-Karabakh, à
avoir "l’audace de la paix" en saisissant les propositions des pays
médiateurs.