Le Figaro, France
18 janvier 2007
Comment Jack Kachkar peut-il s’offrir l’OM?
par JEAN-YVES GUÉRIN
CE SOIR, Jack Kachkar devrait quitter la France à bord de son jet
privé. Direction les États-Unis où cet homme d’affaires canadien de
43 ans réside. Peut-être à Miami où il a acheté mi 2006 un superbe
chteau d’inspiration française, le petit Douy, pour plus de
4millions de dollars. Mais, avant, le potentiel repreneur de l’OM,
qui a offert 115millions d’euros à Robert Louis-Dreyfus pour racheter
le club, a un planning serré. Aujourd’hui, il devrait rencontrer à
Marseille les joueurs et les dirigeants. Hier après-midi, il s’est
entretenu avec l’animateur de télé Jean-Pierre Foucault, qui est
aussi président de l’association de l’OM, la structure qui gère les
amateurs. Puis il s’est exprimé sur RTL sans donner beaucoup
d’informations. Quelques extraits de son intervention: « Nous ferons
tout pour travailler avec les équipes en place (… ) Nous voulons
construire une équipe gagnante. Ribéry est une pièce importante de ce
puzzle (…) Notre business plan dépend d’être en Ligue des champions
chaque année.» Du coup, son offre d’achat de l’OM suscite toujours un
tourbillon auquel cet anglophone néophyte dans le football ne
s’attendait pas. Cet émoi se nourrit des interrogations autour de ce
personnage de roman qui entretient le flou. D’abord, on se demande
s’il compte réellement financer le rachat de l’OM sur sa fortune
personnelle, comme il l’affirme. Ou s’il est un faux nez pour des
investisseurs qui ne souhaitent pas sortir de l’ombre.
Globe-trotteur, mais pas milliardaire En tout cas, à l’heure
actuelle, Kachkar est plus disert sur sa rocambolesque histoire
personnelle que sur sa solidité financière. D’origine arménienne, il
est né en Syrie avant de passer les premières années de sa vie au
Liban. À partir de cinq ans, il a grandi à Toronto, au Canada. Mais
ce citoyen du monde a fait ses études de médecine à Budapest.
Passionné de football, il le pratique depuis l’ge de 16 ans. En
revanche, il ne figure pas parmi les 140 milliardaires recensés par
le magazine américain Forbes . Dans son entourage, on explique qu’il
doit sa réussite à des investissements dans des secteurs diversifiés.
Il est PDG d’Inyx, une société phamaceutique spécialiste des produits
contre l’insuffisance respiratoire. Il est aussi coactionnaire d’une
chaîne de magasins de vêtements, Florial. Et il a des parts dans une
mine de cuivre au Mexique. Mais la seule indication chiffrée dont on
dispose est un rien inquiétante: Inyx, coté au Nasdaq à New York, a
perdu 22millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 60millions
lors des neuf premiers mois en 2006. Et Kachkar souhaite faire sortir
de la Bourse cette PME high-tech. D’ailleurs, ses affaires n’ont pas
toujours été florissantes: par exemple, de 1996 à 2002, ce financier
était le président de Miza, une société pharmaceutique qui a fait
faillite en 2003, un an après son départ. Pas très rassurant pour
diriger un club de football où, en plus des 115millions d’euros
versés pour l’acquisition, Robert Louis-Dreyfus souhaite que Kachkar
s’engage à investir 20millions d’euros pendant cinq ans. Autre
bouteille à l’encre: sur quelle équipe, Kachkar, qui ne va pas
s’installer dans l’Hexagone et ne parle pas français, compte-t-il
s’appuyer pour gérer ce club? Selon son entourage, il fait confiance
à deux Français connaisseurs du football et de la finance. Et il n’a
pas pour intention de se séparer du président actuel, Pape Diouf. «
Le management est bon » , a-t-il déclaré dans une interview à
L’Équipe hier. Cela n’empêche pas les rumeurs de courir. Par exemple,
certains affirmaient que Kachkar confierait la direction du club à
Bernard Tapie. « C’est complètement faux. Je ne connais pas ce
monsieur et je ne suis en rien associé à cette opération. De toute
façon, maintenant, je suis acteur », glisse celui qui interprète le
commissaire Valence dans une série diffusée sur TF1. De même, Kachkar
ne dit rien de clair sur son projet pour relancer le club. Des zones
d’ombre qui devront être éclaircies pour convaincre les supporteurs
que ce projet de reprise va dans le bon sens pour l’OM.