Le Monde, France
18 janvier 2007 jeudi
Le Canadien Jack Kachkar en passe de prendre le contrôle de l’OM
par Stéphane Mandard
L’homme d’affaires a proposé, mardi 16 janvier, 115 millions d’euros,
pour racheter l’Olympique de Marseille à son actuel actionnaire
principal, Robert Louis-Dreyfus
Le procureur de Marseille, Marc Cimamonti, avait lancé, à l’attention
de Robert Louis-Dreyfus : " L’OM ce n’est pas vous. Le club a existé
avant vous et il existera après vous ", lors du réquisitoire du
procès des comptes de l’Olympique de Marseille, le 27 mars 2006.
Condamné le 9 juin 2006, jour de l’ouverture de la Coupe du monde en
Allemagne, à trois ans de prison avec sursis et 375 000 euros
d’amende pour abus de biens sociaux, l’homme d’affaires franco-suisse
est en passe de se séparer de l’OM, dont il est l’actionnaire
principal depuis dix ans et dans lequel il a injecté environ 200
millions d’euros sans parvenir à décrocher le moindre titre. Mardi 16
janvier, l’homme d’affaires canadien d’origine arménienne, Jack
Kachkar, a apporté les " garanties bancaires " demandées par " RLD "
pour le rachat du club. L’ancien patron d’Adidas avait fixé le prix
de cession de ses parts à un minimum de 100 millions d’euros. Il
devrait en obtenir 115 millions si les négociations aboutissent.
Seul candidat à la reprise de l’OM, Jack Kachkar, 43 ans, a approché
Robert Louis-Dreyfus en août. Médecin de formation, né à Damas, en
Syrie, et élevé au Liban, il préside la société d’investissement
Karver Capital Holdings et dirige le groupe pharmaceutique Inyx, basé
à New York et coté au Nasdaq. Inyx, qui compte 575 employés pour un
chiffre d’affaires annuel de 50 millions de dollars, est spécialisé
dans les technologies et les produits de diffusion de médicaments
pour le traitement des affections respiratoires et allergiques. Selon
les informations disponibles sur le site Internet du groupe, Inyx a
accumulé 82,5 millions de dollars (63,80 millions d’euros) de pertes
depuis sa création en 2003, et ses dettes s’élèvent à 120 millions de
dollars (139 millions d’euros). L’homme d’affaires est l’actionnaire
principal d’une société minière, Cuprum Mining Corporation,
propriétaire d’une mine de cuivre au Mexique. Il possède également
des participations dans plusieurs sociétés telles la marque de
vêtements pour enfants Floriane.
D’après M. Biren Amin, analyste chez Stanford Group Company, une
compagnie spécialisée dans le secteur pharmaceutique, Jack Kachkar
posséderait des biens immobiliers dans le sud de la Floride pour un
montant de " 25 à 70 millions de dollars ".
" LE FOOTBALL ME PASSIONNE "
Pourquoi l’homme d’affaires canadien veut-il investir dans un club au
déficit chronique, qui n’est propriétaire ni de son stade ni de son
centre d’entraînement, dont une partie de la billetterie (28 000
places) est gérée par les supporteurs et qui n’a plus gagné de titre
depuis 1993 ?
" Cela fait longtemps que je souhaite m’investir personnellement dans
un grand club de football. Le football me passionne et je suis tout
particulièrement les performances de l’OM depuis longtemps, a déclaré
Jack Kachkar, mardi 16 janvier. J’apprécie ses joueurs et
l’engagement de ses supporteurs pour leur équipe. " On prête
également à l’industriel canadien des visées sur le marché européen
pour les produits de sa société Inyx.
Du côté de l’Olympique de Marseille, l’arrivée annoncée de Jack
Kachkar ne semble pas inquiéter les équipes en place. " La saison se
terminera dans sa configuration actuelle au niveau de la direction
sportive comme du personnel au moins jusqu’à la fin de la saison et
peut-être bien au-delà ", a indiqué le président de l’OM, Pape Diouf,
mardi 16 janvier. La piste Sven-Göran Eriksson, l’ancien
sélectionneur suédois de l’équipe d’Angleterre, un temps annoncé sur
la Canebière avec Kachkar, semble s’éloigner
Sur le plan sportif, Pape Diouf a déclaré que le nouvel actionnaire
voulait " donner les moyens à l’OM de se qualifier chaque année en
Ligue des champions, et conquérir à nouveau ce trophée " que le club
n’a réussi à décrocher qu’une seule fois, en 1993.
De trois à quatre semaines devraient être nécessaires pour finaliser
le rachat du club phocéen et soumettre le projet de reprise au comité
d’entreprise de l’OM. Après le Paris-Saint-Germain, racheté en avril
2006 en partie par le fonds d’investissement américain Colony
Capital, l’OM serait alors le deuxième club français à tomber dans
l’escarcelle d’investisseurs étrangers.