MELANCOLIE MUSICALE DE L’ARMENIE
Patrick Labesse
Le Monde, France
14 fevrier 2007 mercredi
Musique Un Concert Au Theatre Des Abbesses;
AVANT une serie de " concerts d’adieu ", prevus en octobre et novembre
au Palais des congrès, a Paris, Charles Aznavour presentera, samedi 17
fevrier, au Palais Garnier, une soiree de gala au profit de l’operation
" Jeunes ambassadeurs pour l’Armenie " (accueil en France de plusieurs
centaines d’enfants d’Armenie apprenant le francais).
Prolongement du concert donne par le chanteur a Erevan le 30 septembre
2006, qui marquait l’inauguration de l’Annee de l’Armenie en France
(jusqu’au 14 juillet 2007, plus de 500 evenements), ce concert sera
l’un des moments forts de cette saison.
Samedi 10 fevrier, l’Armenie s’exprimait au Theâtre des Abbesses,
a Paris. Après quelques pièces en solo interpretees par le joueur de
kamantche (vielle a pique) Gaguik Mouradian, formidable ciseleur de
cordes, la sonorite douce et plaintive du doudouk de Levon Minassian,
hautbois a neuf trous taille dans l’abricotier, tisse le fil conducteur
du repertoire. Levon Minassian a grandi a Marseille, mais il porte
la terre de ses aïeux en lui et dans cet instrument dont il joue
depuis l’âge de 16 ans. Laureat du " Trophee des maîtres ", reunion
des grands interprètes, revelatrice de nouveaux talents du doudouk
ayant lieu tous les dix ans a Gumri, deuxième ville de l’Armenie,
il a enregistre deux albums (label Long Distance), en collaboration
avec Peter Gabriel, Aznavour, Sting, I Muvrini, participe a plusieurs
musiques de films avec le compositeur Armand Amar.
Autour de lui, deux autres joueurs de doudouk, venus d’Armenie, Amen
Ghazarian et Arthur Ghasabian, charge de faire le bourdon (note tenue,
le dam) sous la melodie. A deux (dans la tradition, le soliste est
accompagne du bourdon) ou a trois, les musiciens deroulent de lentes
musiques tristes, poignantes et infiniment sensuelles.
Rejoints sur certaines pièces par deux talents sûrs du chant armenien,
Roselyne Minassian et le puissant Hamlet Gevorgian, connu comme le plus
renomme specialiste du chant traditionnel a Erevan, les doudoukistes
dictent la loi de la melancolie austère et belle impregnant la musique
de l’Armenie, des melodies qui semblent porter en elles la memoire,
l’histoire douloureuse du pays.
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