X
    Categories: News

Apres la guerre et le boom immobilier, Erevan a du mal a respirer

Agence France Presse
22 février 2007 jeudi 5:50 AM GMT

Après la guerre et le boom immobilier, Erevan a du mal à respirer
(MAGAZINE)

EREVAN 22 fév 2007

Une vingtaine de troncs d’arbres coupés gisent, là où hier encore se
dressait un parc. Après les ravages de la guerre et le boom de la
construction, Erevan, la capitale arménienne, court le risque de se
transformer peu à peu en un semi-désert poussiéreux.

"Au cours de ces dernières années, la ville a perdu 12% de ses
espaces verts", regrette la chercheuse Karina Danielian, professeur à
l’Université d’Erevan et auteur d’un rapport sur la situation
écologique en Arménie.

"La concentration des btiments dans la ville augmente de plus en
plus. Notre capitale prend des allures de semi-désert. Même le
climat, la flore et la faune changent", assure Mme Danielian, docteur
en géographie, qui travaille sous la tutelle du Programme des Nations
unies pour l’Environnement (UNEP).

Selon elle, les serpents et les scorpions apparaissent de plus en
plus souvent à Erevan. En été, ces animaux pénètrent parfois dans les
appartements, semant la panique parmi les habitants.

L’asphalte et les grands immeubles empêchent la capitale de respirer.
En été, la chaleur devient insupportable.

"C’est la tendance dans toutes les grandes villes du monde. La vie
bouillonne dans les capitales et l’apparition de nouveaux btiments
est inévitable", justifie Avet Martirossian, chef du département de
la protection de l’environnement à la mairie d’Erevan.

"J’avoue que les espaces verts diminuent et cela nous inquiète. Mais
nous tentons de réduire l’impact négatif pour l’environnement",
assure le responsable.

La mairie demande aux constructeurs de planter de nouveaux arbres et
pelouses pour compenser la destruction des parcs. Il est prévu de
planter cette année 50.000 arbres et 30.000 buissons, "des espèces
résistantes à la poussière et à la pollution", explique M.
Martirossian.

"Il est absurde d’autoriser la destruction d’arbres centenaires pour
planter de petites pousses auxquelles il faudra des années pour
devenir des arbres", réplique Mme Danielian.

Erevan a commencé à connaître des problèmes écologiques à l’époque de
l’Union soviétique, avec la montée en puissance de l’industrie. La
ville, située dans une vallée et entourée de collines, était souvent
recouverte de smog émanant des entreprises polluantes.

La situation s’est un peu améliorée avec la création de plusieurs
parcs, agrémentés d’étangs artificiels et de fontaines. La capitale
arménienne a commencé à mieux respirer après la chute de l’Union
Soviétique et la crise économique qui a conduit à la fermeture de
plusieurs usines polluantes.

Mais au début des années 90, les espaces verts ont une nouvelle fois
été mis à l’épreuve. Le pays, en guerre avec l’Azerbaïdjan voisin, a
été confronté à un blocus et une crise énergétique. Les Arméniens
chauffaient leurs maisons avec des arbres coupés illégalement. La
superficie des forêts qui représentaient jadis 11% du territoire du
pays a alors diminué jusqu’à 8%.

Le pays a réussi à surmonter cette crise en 1995 en intensifiant
l’installation du gaz dans les habitations, mais les coupes de bois
ont continué pour libérer des terrains pour la construction.

La mairie d’Erevan, une ville peuplée de 3,2 millions d’habitants
(près de 35% de la population du pays), prévoit une croissance de la
superficie de ses espaces verts de 4.500 hectares d’ici 2020.

"Nous planterons des vignes qui couvriront les murs des maisons pour
les protéger du soleil et de la poussière", affirme M. Martirossian.

Mais ces images d’un avenir radieux laissent la population sceptique.

"Ces plans n’existent que sur le papier. Les autorités adoptent des
lois sur la protection de la nature, mais ne les respectent pas",
affirme Aïk Barseguian, un mécanicien de 60 ans.

"Un parc a été détruit récemment à côté de notre immeuble. Un homme
d’affaires connu envisage d’y construire un grand hôtel. Et il a reçu
le feu vert du ministère de la Protection de l’environnement",
soupire une autre habitante, Soussanna Pogossian.

Virabian Jhanna:
Related Post