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Atom Egoyan Et Arsinee Khanjian : 23 Ans D’Un "Regard Constant" Sur

ATOM EGOYAN ET ARSINEE KHANJIAN : 23 ANS D’UN "REGARD CONSTANT" SUR L’AIME (ENTRETIEN)

Agence France Presse
2 mai 2007 mercredi 11:26 AM GMT

Comme Ingrid Bergman et Roberto Rossellini, Jean-Luc Godard et Anna
Karina, Federico Fellini et Giulietta Masina, le cineaste canadien
Atom Egoyan et l’actrice Arsinee Khanjian forment un couple de cinema
dont l’oeuvre se nourrit d’un "regard constant" sur l’etre aime.

Ne au Caire et d’origine armenienne, Atom Egoyan, qui vit au Canada
depuis l’enfance, a rencontre le succès international avec "Exotica"
en 1994, puis "De beaux lendemains", adapte d’un roman de l’ecrivain
Russell Banks, deux fois nomme aux Oscars, couronne du grand prix du
Festival de Cannes en 1997.

Sa compagne, Arsinee Khanjian, elle aussi d’origine armenienne,
apparaît dans les onze longs metrages tournes par ce cineaste en
23 ans, mais aussi dans ses films experimentaux, comme le montre
la première retrospective programmee au centre Pompidou du 3 mai au
4 juin.

Celle-ci propose une trentaine de films de divers formats et genres
(fictions, courts metrages, films de television etc) temoignant
de l’exigeante recherche formelle d’Egoyan, 47 ans. D’un projet a
l’autre, celui-ci mele cinema et video, pour mieux interroger les
images et leur rapport a la realite, confronter verite et apparences.

Comme le souligne l’affiche qui met le couple en scène, son
inspiratrice et complice de toujours nourrit son oeuvre.

"Arsinee a d’abord un rôle classique de muse, quelqu’un qui inspire et
me fascine depuis vingt-trois ans, un objet d’adoration et de desir,
qui stimule tous les aspects de mon imagination" explique Atom Egoyan
a l’AFP.

Ses films, de "Family viewing" (1987) a "Ararat" (2002), ou "La verite
nue" (2005) existeraient-ils sans elle ?

"Non, je ne pense pas", repond-t-il posement. "Mes films experimentaux,
que j’ai commence a filmer au debut de notre relation, et le film
projete en ouverture, Citadel" – etonnante oeuvre inedite qui se
presente comme un film de voyage – illustrent "ce regard constant
sur elle", dit-il.

De son côte Arsinee se dit heureuse d’"assister comme temoin" a la
celebration d’une "oeuvre qu’on a en partie creee ensemble dans notre
parcours de couple".

Tourne en video et monte sur ordinateur, "Citadel" (93 minutes)
montre "non seulement un dialogue, mais un commentaire continu" sur
les images d’Arsinee filmee par Atom qui eût "ete impossible avant
la technologie numerique".

Elle y revient au Liban, quitte a cause de la guerre civile, 28
ans auparavant.

"Ce que j’ai realise c’est que ces films documentent le passage de la
technologie analogique au numerique et la question, qui en decoule,
de la desacralisation de l’image animee", dit-il.

"Quand on tournait en pellicule, on etait très conscients de devoir
bien choisir ce qu’on allait filmer: le temps etait compte et souvent
je devais etre selectif, parce que je ne pouvais pas me payer davantage
de pellicule".

Mais aujourd’hui "on peut filmer pendant des heures et des heures,
et la question est: en quoi cela transforme-t-il notre manière
d’enregistrer notre experience, et de la transmettre?" se demande
Atom Egoyan.

"Ma reponse est qu’il est devenu totalement naturel d’abandonner notre
experience organique a une technologie, et l’echange est vraiment
intime; mais pour fonctionner, cette super-democratisation presuppose
un public eduque".

Car aujourd’hui sur internet et des sites communautaires tels que
YouTube, "il est facile de presenter quelque chose comme vrai, et de
le faire croire", et pouvoir "etre hyper informe sur tous les details
de la vie de quelqu’un sans l’avoir jamais rencontre, ne risque-t-il
pas de conduire a un totalitarisme emotionnel ?" s’interroge Egoyan.

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Karapetian Hovik:
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