CENTRE PRESSE
6 mai 2007 dimanche
Azade Djenazian : arménienne, aveyronnaise et… amicaliste bien sûr
PORTRAIT Elle a en charge les aînés à la FNAA Ni Arménienne, ni
française : aveyronnaise » répond Azade Djenazian quand on lui
demande ce qui fait son identité : une manière pour elle de souligner
son attachement à la terre qui l’a vu naître et qu’elle ne cesse de
faire vivre depuis au travers des mouvements associatifs parisiens.
Pourtant la vie d’Azade n’a pas grand-chose à voir avec le parcours
traditionnel des Aveyronnais de Paris. De famille arménienne Azade
Djenazian ne rencontrera d’ailleurs le milieu amicaliste qu’en 1973
par une amie d’enfance retrouvée. Sa vie d’avant, elle fut dure : une
vie marquée, de celles qui forgent un caractère exceptionnel et dont
elle a d’ailleurs fait un livre (lire ci-contre). Fille d’Arméniens,
son père est mineur à Aubin : l’Aveyron de l’enfance d’Azade sera
ouvrier, on y parle autant arméniens qu’espagnol, polonais ou patois.
Dans son livre elle raconte cette autre Aveyron mal connu bouillant
de bruit et de fureurs.
Un monde dur qui ne le sera que plus encore après le décès de son
père : Azade connaîtra alors l’orphelinat, une vocation contrariée de
soeur (elle devra pratiquement « s’évader » du couvent), un mariage
arrangé avec un homme plus gé… Son premier souvenir de Paris en
mai 1945 sera d’ailleurs en pleurs : celui d’une capitale grise,
détruite, délabrée par la guerre (avec cependant la joie de
l’armistice quelques jours après). Suivront les années pauvres avec
ses enfants. On comprend dans ces conditions que sa rencontre avec
l’amicalisme (plus de vingt ans après) fut pour elle comme un
soulagement. Dans ce milieu Azade a retrouvé des gens qu’elle aime,
un esprit de famille : chez elle l’esprit de retrouvailles de
l’amicalisme prend tout son sens. Point de vue. Comment s’est faite
votre rencontre avez l’amicalisme Aveyronnais ? J’avais une amie
d’Aubin qui m’avait retrouvée à Paris. C’était en 1973, je ne savais
même pas que ça existait. Elle m’a dit de venir à l’amicale du « Pays
noir » comme on disait alors. Là j’y ai découvert des gens que je
connaissais. Retrouver les enfants des mines c’était comme revivre.
Depuis j’y suis restée. On m’a ensuite proposé d’être trésorière, ce
que j’ai accepté en 1983. Puis en 86, je me suis occupée du Club des
Aînés du Massif Central. J’y ai appris la bourrée : j’étais une
mordue. En 1998 Gérard Paloc est venu me demander de m’occuper des
Farfadets et de l’Atelier temps libre : on ne peut pas lui refuser
grand-chose Que vous a apporté finalement l’amicalisme ? Beaucoup
d’amis surtout. Je ne sais comment dire : on est du même coin, on se
comprend. On a notre « chez nous », sans oublier le saucisson et la
fouace. L’intérêt c’est d’être entre nous. Je regrette de ne pas
parler patois mais j’ai plaisir à l’entendre. L’avenir des amicales,
vous le voyez comment ? Je regrette ce changement, ce détachement. Je
suis heureuse de voir les enfants dans les groupes folkloriques mais
j’ai bien peur que cela ne résiste pas. Demain il n’y aura peut-être
plus qu’une seule grande amicale : les anciens restent attachés, mais
derrière ? Je crois plus aux groupes folkloriques. Un jeune
d’aujourd’hui il est pourtant surpris, content de revoir des gens du
pays, d’avoir quelque chose à quoi s’accrocher. Il faudrait aussi que
plus d’anciens nous rejoignent aux Farfadets et à l’Atelier temps
libre : nous pourrions faire plus de choses. Vous retournez souvent
au pays ? Tous les ans. À l’hôtel. Je fais avec mes moyens : j’y
reste le temps que je peux. C’est mon plaisir de l’année. Si vous
aviez connu l’amicalisme plus tôt… Oh, comme j’aurais été contente
! J’aurai bien pu plaquer mon mari pour épouser l’un d’eux ! d.r.
Azade Djenazian, à la permanence des Farfadets.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress