Federation internationale des ligues des droits de l’Homme

Karine Appy
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Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme

Communiqué

Turquie/Meurtre de Hrant Dink

Ouverture du procès des meurtriers de Hrant Dink:
une occasion de pointer les véritables responsabilités
et de prévenir de futurs crimes racistes

Paris, le 29 juin 2007 – Le 2 juillet 2007, s’ouvrira à Istanbul le
procès des meurtriers présumés du journaliste turc, Hrant Dink.
Assassiné le 19 janvier 2007, en pleine rue, devant son bureau à
Istanbul, ce journaliste d’origine arménienne était en première ligne
du mouvement en faveur des réformes démocratiques en Turquie. Fervent
défenseur de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, il
incarnait le dialogue entre Turcs et Arméniens. La FIDH avait vivement
interpellé les autorités turques afin qu’elles recherchent activement
les exécutants et les commanditaires de ce crime et, à l ‘occasion de
son 36ème Congrès, demandé à la justice turque de mener une enquête
transparente et approfondie afin d’établir toutes les responsabilités
dans l’assassinat de Hrant Dink.

En raison de l’ge du présumé meurtrier, Ogün Samast, 17 ans, les
audiences se tiendront à huis clos. Selon l’acte d’accusation, il
devra répondre de nombreuses charges, dont celles d’`homicide avec
préméditation’ et d’`appartenance à une organisation terroriste’. Les
procureurs requièrent contre lui une peine allant entre 18 et 24 ans
de prison. Il encourt une peine supplémentaire de 8,5 à 18 ans de
prison pour appartenance à une organisation terroriste et port d’arme
illégal. Les deux instigateurs présumés de l’assassinat, Erhan Tuncel
et Yasin Hayal, risquent la réclusion à perpétuité. Le premier est
passible en outre d’une peine allant de 22,5 à 48 ans de prison
notamment pour avoir dirigé une organisation terroriste et le second,
gé de 26 ans, d’une peine supplémentaire de 18 à 30 ans de prison pour
le même motif ainsi que pour avoir fourni l’argent et l’arme du
crime. Des peines allant de 7,5 à 35 ans de prison ont été requises
contre les 15 autres accusés, tous originaires de Trabzon, pour
complicité de meurtre et appartenance à un groupe terroriste.

L’enquête criminelle, menée par deux procureurs et les services de
police de la division anti-terroriste d’Istanbul, a révélé des
complicités et des négligences au sein de l’appareil d’Etat, notamment
dans les services de police et de gendarmerie. La police de Trabzon
aurait ainsi informé Ankara et Istanbul, dès février 2006, des plans
de ce groupe pour tuer Hrant Dink. Ces éléments n’auraient pas été
pris au sérieux. Le gouverneur et le chef de la police de Trabzon ont
été mutés, et le chef des renseignements de la police d’Istanbul,
Ahmet Ilhan Güler, a été suspendu de ses fonctions, une procédure
d’enquête a également été entreprise à son encontre. Quant au numéro
un de la police d’Istanbul, Celalettin Cerrah, qui avait un moment nié
toute "dimension politique ou organisation derrière ce crime", il a
fait l’objet d’une enquête préliminaire stoppée sur décision du
gouverneur d’Istanbul, celui-ci ne voyant aucune justification à une
telle enquête. Les avocats de Hrant Dink ont fait appel de cette
décision. La procédure est toujours en cours.

L’enquête a également établi des liens entre le groupe terroriste et
une organisation politique ultranationaliste, le Parti de la Grande
Union, et son mouvement de jeunesse, `Foyers Alperen’. Les avocats
réclament l’examen détaillé de ces relations pendant le procès.

Les médias turcs ont en outre mis en lumière que plusieurs personnes
auraient été exclues du cadre des investigations. Ils ont révélé que
deux personnes, l’une appartenant aux services secrets de la
Gendarmerie et l’autre à la Police de Trabzon, auraient eu des
contacts répétés avec les suspects. Des dizaines de contacts
téléphoniques avec Ogün Samast, le principal accusé, auraient été
enregistrés pendant la période précédant le meurtre. Cependant, seule
une partie de ces conversations aurait été transmise aux procureurs en
charge de l’enquête.

La FIDH rappelle qu’il est indispensable que le procès se déroule dans
des conditions de sécurité et de transparence, permettant à la justice
de travailler sereinement. La FIDH demande également à ce que la
lumière soit faite sur toutes les responsabilités directes et
indirectes qui ont conduit à cet assassinat et les commanditaires
véritables soient identifiés, quels qu’ils soient.

La FIDH réitère, dans cette perspective, son total soutien aux avocats
de la famille Dink et porte toute son attention et ses espoirs sur la
justice turque afin que toutes les questions soulevées dans ce crime
soient élucidées, notamment la possible implication des services de
police et de gendarmerie mais aussi les défaillances de l’Etat et du
pouvoir politique à protéger un citoyen qui vivait sous la menace de
manière notoire.

Contact presse : Karine Appy + 33 1 43 55 14 12 / + 33 1 43 55 25 18

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