Assya Et Razmik. Une Rentree Loin Des Persecutions

ASSYA ET RAZMIK. UNE RENTReE LOIN DES PERSeCUTIONS
Flore Limantour

Le Telegramme
3 septembre 2007 lundi
France

Ils sont de la communaute yezide du Caucase. Nes en Armenie, scolarises
en Russie, refugies en France, Assya, 16 ans, et Razmik, 17 ans,
espèrent que leur exode va prendre fin a Lorient. Leurs parents ont
depose une demande d’aasile. Demain, la rentree des deux adolescents
se fera sous le signe de l’espoir.

Stylos fluo, cartable a roulettes, cahiers tendance… Autant de
preoccupations de la rentree qui laissent Assya et Razmik totalement
indifferents. Eux, ils veulent qu’on leur " donne une chance ". La
chance d’aller a l’ecole dans un pays sans guerre, sans racket et
sans racisme. " Nous sommes nes a Erevan, en Armenie. Maman etait
prof de russe et papa, styliste pour des fabricants de chaussures.

Nos familles sont de la communaute Yezide du Caucase. Nous ne sommes
ni musulmans, ni chretiens, nous croyons aux anges. Les Yezides n’ont
pas de vrai pays. Nos familles habitent en Ouzbekistan, en Armenie,
en Georgie, en Turquie et en Irak. C’est complique ".

Rejetes et brimes

Assya et Razmik etaient tout petits quand ils ont quitte Erevan. "
Mon père ne voulait pas se battre aux côtes des Armeniens contre
l’Azerbaïdjan. On etait rejete et rackette. Les Kurdes musulmans
ne voulaient pas non plus de nous. Alors, nos parents ont decide
de partir vivre en Russie ", explique Razmik. Pleine d’espoir,
la famille s’installe a Stravopol, au sud de Rostov. " Mais les
Russes ne nous aimaient pas, nous les Yezides. Ils n’arretaient pas
de nous dire qu’on avait la peau noire, les cheveux noirs. Papa
avait retrouve du travail. Les gens n’aimaient pas ca, alors ils
venaient nous demander de l’argent. Les voisins etaient jaloux et
ceux qui nous aidaient avaient des ennuis. Il y avait tout le temps
des contrôles de police. Il fallait leur donner de l’argent ". Les
deux adolescents racontent leur lot quotidien de brimades a l’ecole :
" Les autres enfants ne voulaient pas jouer avec nous, sauf si on leur
faisait des cadeaux. Il y avait beaucoup de bagarres, notre cousin a
ete tue de 25 coups de couteau. Meme quand on travaillait bien, les
profs nous mettaient toujours de mauvaises notes. On nous appelait les
"Tchetchènes", les "terroristes", c’etait très dur ".

Vivre ici, comme les autres

En mars 2006, la famille reprend le chemin de l’exode. Elle achète
des faux passeports et paie " très cher " un passeur qui doit la
transporter en minibus jusqu’en Angleterre. " On parlait tous anglais,
on s’est dit que ce serait plus facile ". Seulement, au petit matin du
14 mars 2006, le chauffeur de bus les depose a Vannes, avec pour seule
consigne de se rendre a la prefecture. Confies au centre d’accueil des
demandeurs d’asile (Cada), les six Yezides resident aujourd’hui dans un
quartier nord de Lorient. Ils ne sont pas fixes sur leur statut. Leur
première demande d’asile a ete rejetee. Leur sort est aujourd’hui entre
les mains de la commission de recours. " Nous, on veut rester. Il faut
nous donner la chance de faire des etudes ici, plaide Rzamik. Moi,
je rentre au lycee. Je veux devenir informaticien. Ma s~ur rentre en
3 e . Elle voudrait bien etre medecin. Ici on a des copains. Personne
ne nous dit qu’on est trop noirs. La police ne nous rackette pas. Ici
on est normaux ".

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