KOUCHNER S’EFFORCE DE RECHAUFFER LES RELATIONS FRANCO-TURQUES
Par Renaud Girard

Le Figaro
Samedi 6 Octobre 2007
France

DIPLOMATIE. En se rendant hier en Turquie, Bernard Kouchner s’est
efforce de renouer politiquement avec un vieux pays ami, alors que
la France, depuis l’election de Sarkozy, s’oppose ouvertement a son
adhesion a l’UE. Les relations bilaterales etaient deja passablement
degradees, depuis que l’Assemblee avait adopte, le 12 octobre 2006,
une proposition de loi criminalisant la negation du genocide armenien
de 1915. Le premier ministre Erdogan avait alors immediatement
envoye une circulaire secrète a tous les services de l’Etat, leur
enjoignant de suspendre toute attribution de contrats publics a des
societes francaises.

C’est ainsi que GDF se retrouve aujourd’hui evince, au profit de
l’Allemand RWE, du grand projet de gazoduc Nabucco, qui acheminera
le gaz des pays de la Caspienne vers l’Europe, en passant par la
Turquie. Les ministres turc et francais des Affaires etrangères etaient
bien sûr tout sourire lors de leur conference de presse conjointe. Mais
Ali Babacan n’a pas manque de dire que la Turquie " esperait bien que
l’UE respecterait ses engagements ". Sur la question de l’adhesion
(la France lui prefère desormais un partenariat privilegie), Bernard
Kouchner a appele un chat un chat : " Lorsque deux amis ne sont pas
d’accord, il faut qu’ils se parlent.

Qu’ils se parlent sincèrement, qu’ils se parlent souvent. " À un
journaliste turc qui lui disait que l’evocation du genocide menacait
les rapports bilateraux, il a repondu, pesant chacun de ses mots :
" D’abord, rien ne menace la Turquie ; ensuite, rien n’a ete fait ! "
Le gouvernement francais n’a toujours pas saisi le Senat…

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