Les Echos, France
12 octobre 2007 vendredi

Génocide arménien : Ankara rappelle son ambassadeur à Washington

La Turquie a fermement dénoncé hier l’adoption par une commission du
Congrès américain d’un texte qui reconnaît pour la première fois le «
génocide » arménien sous l’Empire ottoman et rappelé son ambassadeur
à Washington pour des consultations. La Turquie rejette
catégoriquement l’étiquette de « génocide » pour la mort de centaines
de milliers d’Arméniens en 1915-1917. Le texte, adopté mercredi par
27 voix contre 21, doit à présent être envoyé à la Chambre des
représentants pour un possible vote en séance plénière, malgré les
efforts de la Maison-Blanche, qui s’est dite hier « déçue » du vote
des élus.

Le président turc, Abdullah Gul, a qualifié d’« inacceptable » ce
texte qui fait fi des avertissements d’Ankara. Ce vote tombe à un
très mauvais moment, alors que les Turcs font des plans pour
intervenir militairement en Irak contre les rebelles séparatistes
kurdes de Turquie (PKK), qui utilisent le nord de ce pays pour mener
des attaques contre les forces turques. Le secrétaire américain à la
Défense, Robert Gates, a reconnu hier craindre des « représailles »
d’Ankara, qui a menacé de ne plus mettre à la disposition des
Etats-Unis la base aérienne d’Incirlik, dans le Sud. Parallèlement,
une cour d’Istanbul a condamné hier à un an de prison avec sursis le
fils du journaliste assassiné d’origine arménienne Hrant Dink pour «
insulte à l’identité turque ». Il avait reproduit dans un journal un
entretien accordé jadis par son père, dans lequel celui-ci prononçait
le mot « génocide ».