L’Express, France
Sept 6 2008
Visite historique du président turc en Arménie
Reuters
Abdullah Gül effectuait samedi à Erevan la première visite d’un chef
de l’Etat turc en Arménie dans l’espoir que sa venue contribue au
rapprochement entre deux pays sans relations diplomatiques et déchirés
par le souvenir des massacres d’Arméniens par les Ottomans pendant la
Première Guerre mondiale.
Des hélicoptères de combat de l’armée arménienne ont escorté l’avion
de Gül à son arrivée au-dessus de la capitale, ou les mesures de
sécurité ont été renforcées.
Le convoi du président turc a ensuite pris la direction du
centre-ville, vide de toute circulation sur le trajet. Des
manifestants, certains brandissant des pancartes "1915 – Plus jamais
ça" et "Nous voulons la justice", s’étaient rendus sur le parcours.
A l’invitation de son homologue arménien, Gül assistera dans la soirée
au match Arménie-Turquie qui compte pour les éliminatoires de la Coupe
du monde de football 2010.
Dans une interview accordée à Reuters à Avignon, la France, en marge
d’une réunion ministérielle de l’UE, le chef de la diplomatie turque
Ali Babacan a estimé que cette visite du président à Erevan pourrait
ouvrir la voie à une reprise des relations diplomatiques entre les
deux pays.
A son départ d’Ankara, Abdullah Gül a également souligné l’importance
de ce déplacement.
"Ce match est important, au-delà du fait qu’il s’agit de la première
rencontre entre les équipes nationales arménienne et turque. Il a une
signification qui peut amener d’importantes opportunités", a-t-il dit
lors d’une conférence de presse.
"J’espère que le match d’aujourd’hui contribuera à lever les obstacles
au rapprochement de deux peuples qui ont une histoire commune et
contribuera à la paix et à la stabilité dans la région", a poursuivi
Gül.
DÉCLIC APRES LA CRISE GÉORGIENNE
"Nous avons vu il y a un mois comment les questions irrésolues dans le
Caucase menaçaient la paix (…) Effectuer ce voyage en un tel moment
renforce encore son importance", a-t-il ajouté, faisant allusion au
récent conflit entre la Géorgie et la Russie.
Abdullah Gül a précisé que ses entretiens avec son homologue arménien
Serj Sarksian porteraient notamment sur les relations bilatérales et
le dossier du Haut-Karabakh, région d’Azerbaïdjan peuplée
majoritairement d’Arméniens et qui a proclamé son indépendance en
1991.
La Turquie n’a jamais ouvert d’ambassade en Arménie et en 1993 a fermé
sa frontière terrestre avec ce pays, en signe de solidarité avec
l’Azerbaïdjan turcophone sur le dossier du Haut-Karabakh.
Mais la crise entre la Russie et la Géorgie le mois dernier à propos
de l’Ossétie du Sud a convaincu Ankara et Erevan qu’il était temps
d’opérer un rapprochement.
Parlant avec des journalistes à bord de l’avion qui le conduisait à
Erevan, Gül a salué la décision "courageuse" de son homologue arménien
de l’inviter au match de samedi soir, une initiative qui, a-t-il
espéré, créera un climat favorable à un futur dialogue.
A Erevan, la police a renforcé les mesures de sécurité en interdisant
notamment la circulation à proximité du stade Hrazdan et de la
présidence.
Le parti nationaliste arménien Dachnaktsoutioune a annoncé qu’il
manifesterait contre la venue du président turc.
Ses militants se rassembleront devant un mémorial érigé en souvenir
des Arméniens victimes des Turcs pendant la Première Guerre mondiale,
sur une colline dominant le stade, et allumeront des bougies.
Avec Hasmik Mkrtchian à Erevan et Paul Taylor à Avignon, version
française Guy Kerivel
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From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress