Les Echos, France
jeudi 11 décembre 2008
Turquie : la négociation continue… doucement
YVES BOURDILLON
Bien qu’hostile à l’adhésion de la Turquie, la France était prête à
ouvrir trois nouveaux chapitres de négociations avec Ankara. Deux
seulement le seront, l’énergie restant à l’écart sous la pression de
Chypre.
La Turquie a réussi à ouvrir à peu près deux chapitres à chaque
présidence semestrielle depuis l’ouverture de ses négociations
d’adhésion, en octobre 2005. Actuellement 8 sur 35 sont ouverts ;
science (le seul à avoir été ensuite « refermé », c’est-à-dire à avoir
vu l’aboutissement des négociations), politique industrielle,
statistiques, contrôle financier, réseaux transeuropéens, santé, droit
des sociétés et propriété intellectuelle. Deux chapitres
supplémentaires devaient être ouverts à l’occasion du sommet européen
: les règles relatives à la libre circulation des capitaux et à la
société de l’information.
Gaz de France exclu du gazoduc
La France continuerait à bloquer, en revanche, les discussions sur
cinq chapitres : la politique monétaire, considérée comme un dossier
stratégique en raison de ses implications pour l’euro, la politique
régionale, l’agriculture, les dispositions budgétaires et les
questions institutionnelles. Chypre de son côté bloquerait les
chapitres éducation et énergie. La majorité des Etats membres font
pression sur Nicosie pour qu’il lève ses objections sur ce dernier
dossier mais Chypre attend en échange une percée dans les négociations
pour la réunification de l’île divisée depuis 1974. Un changement, en
février dernier, de leadership dans la partie grecque de l’île ouvre
de timides perspectives en la matière.
Ankara, de son côté, a exclu Gaz de France, l’an dernier, du projet de
construction du gazoduc européen stratégique, Nabucco, en raison de ce
qu’il considère être une attitude « anti-turque » de l’exécutif
français, illustré notamment par le vote d’une loi pénalisant la
négation du génocide arménien de 1915-1917. D’un montant de 5
milliards d’euros, ce gazoduc, qui traversera la Turquie et les
Balkans pour atteindre l’Autriche, est considéré par l’Union
européenne comme un moyen très important de réduire sa dépendance par
rapport aux importations russes. Il devrait être achevé en 2012.
From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress