Les Echos, France
Jeudi 3 Septembre 2009
Turquie-Arménie : la diplomatie du football
par JACQUES HUBERT-RODIER
Après la diplomatie du ping-pong, celle du football. Après près d’un
siècle d’animosité, écrit « Hürriyet », la Turquie et l’Arménie se
sont mises d’accord pour restaurer leurs relations diplomatiques et
rouvrir leur frontière. Des protocoles d’accord devraient être ainsi
signés d’ici à six semaines. Ce « mouvement historique » tombe à
pic. Car, souligne le quotidien turc, il devrait permettre au
président arménien, Serge Sarkisian, de se rendre en Turquie pour le
match avec l’Arménie dans le cadre des qualifications à la Coupe du
monde 2010 de football. Déjà en septembre 2008 à l’occasion d’un autre
match entre les équipes nationales, le président turc, Abdullah Gül,
s’était rendu en Arménie.
Le journal ne cache cependant pas que des incertitudes demeurent. Le
conflit sur le Nagorny Karabakh reste un obstacle. En soutien à Bakou,
Ankara avait décidé de fermer en 1993 sa frontière avec l’Arménie, qui
avait envahi cette enclave peuplée d’Arméniens mais située en
Azerbaïdjan. Le journal « Vatan » note, pour sa part, que, si
l’Occident – Union européenne, Etats-Unis – a accueilli avec
satisfaction l’accord turco-arménien, « il a provoqué des inquiétudes
en Azerbaïdjan », mais aussi de l’opposition en Turquie. Outre les
deux projets de protocole, souligne « Hürriyet », les deux pays ont
accepté de mettre sur pied une commission « pour examiner le dossier
des assassinats de masse qui ont eu lieu pendant la période de la
Première Guerre mondiale ».Les massacres et déportations d’Arméniens
ont fait plus d’un million et demi de morts, selon les Arméniens, de
300.000 à 500.000 selon la Turquie, qui récuse la notion de
génocide, reconnu notamment par la France.