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Genocide Armenien: Les Kurdes Entament Un Travail De Memoire

GENOCIDE ARMENIEN: LES KURDES ENTAMENT UN TRAVAIL DE MEMOIRE
Par Marchand, Laure

Le Figaro
Lundi 23 Novembre 2009
France

Diyarbakir, les initiatives se multiplient pour raviver le souvenir
de la communaute armenienne qui vivait dans la region.

TURQUIE. Gerard Torikian a fait appel a la fantaisie et a la
poesie pour tenter de dédramatiser une tragedie de l’histoire. Les
personnages de sa piece de theatre, intitulée Le Concert armenien
ou le Proverbe turc, ne mâchent pas leurs mots pour autant.

Il faut agir resolument, éliminer les elements non turcs de la
population, declare par exemple l’un d’entre eux, un pacha ottoman.

Plus tard, nous dirons que rien ne s’est passe. Celui qui dira le
contraire, nous le ferons taire."

Torikian, Francais d’origine armenienne, a dÃ" surmonter bien plus
que le trac pour presenter sa piece. Car la representation a eu lieu
en Turquie, au theatre municipal de Diyarbakir, grande ville kurde
dans le sud-est du pays.

C’etait la premiere fois qu’un spectacle sur le genocide armenien
de 1915 etait joue en Turquie. La ville de Diyarbakir a ete choisie
a dessein, car, a l’epoque de l’Empire ottoman, une importante
communaute armenienne vivait dans cette region peuplee en majorite
de Kurdes. Ces derniers commencent a reconnaitre leur responsabilite
dans les massacres alors que le reste du pays nie toujours la realite
du genocide. Selon Sezgin Tanrikulu, avocat a Diyarbakir, c’est parce
que les Kurdes, victimes de la politique d’assimilation menée par
Ankara, se sentent aujourd’hui proches des Armeniens.

En 1915, des milliers d’enfants armeniens furent enleves par la
population kurde, des jeunes filles furent mariees de force. Beaucoup
d’Armeniens furent egalement sauves par des Kurdes. Resultat, beaucoup
de Kurdes ont un ancetre armenien et du même coup, dans cette partie
de l’Anatolie, il a ete plus difficile qu’ailleurs d’effacer les
traces de la presence armenienne.

Reparation morale Abdullah Demirbas, maire de la vieille ville de
Diyarbakir, estime que faire revivre le patrimoine armenien constitue
une reparation morale : "Notre peuple a fait du mal aux Armeniens. Nous
devons l’assumer."

Demirbas a commence par editer des contes en armenien, puis il
a entrepris de restaurer l’eglise Saint-Georges, qui date du XVIe
siecle et qui menace de s’écrouler. Le clocher a ete detruit en 1915
a coups de canon parce qu’il depassait les minarets alentour." Je
veux que les Armeniens reviennent, mais pas comme des touristes,
assure Demirbas. Ils sont chez eux ici."

Tadevosian Garnik:
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