Le Matin, Suisse
20 Jan 2010
Relations Arménie-Turquie : la question du génocide de nouveau sur la table
L’Arménie et la Turquie s’opposent à nouveau sur les massacres
d’Arméniens perpétrés en 1915 sous le régime ottoman, Ankara accusant
Erevan de tenter de profiter du processus de réconciliation en cours
entre les deux pays pour remettre la question sur la table.
L’Arménie et la Turquie s’opposent à nouveau sur les massacres
d’Arméniens perpétrés en 1915 sous le régime ottoman, Ankara accusant
Erevan de tenter de profiter du processus de réconciliation en cours
entre les deux pays pour remettre la question sur la table.
"L’Arménie a essayé d’altérer le texte" des accords historiques de
normalisation des relations signés en octobre 2009 à Zurich, a estimé
mercredi le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, cité par
l’agence turque Anatolia.
La Cour constitutionnelle arménienne a jugé le 12 janvier que les deux
protocoles d’accord alors signés, prévoyant l’établissement de
relations diplomatiques et l’ouverture de la frontière commune entre
l’Arménie et la Turquie, était conforme à la Constitution.
Mais elle a souligné qu’ils ne pouvaient contredire un article de la
déclaration d’indépendance de l’Arménie qui fait référence au
"génocide de 1915", un terme récusé par la Turquie.
L’interprétation de la Cour arménienne ne pourra "jamais être
acceptée", a souligné le Premier ministre turc. "Il faut rectifier ça,
faute de quoi cela nuira au processus" de réconciliation, a ajouté M.
Erdogan, lors d’une visite en Arabie Saoudite.
De son côté, le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard
Nalbandian, a téléphoné à son homologue turc, Ahmet Davutoglu, pour
exprimer sa "perplexité" après les déclarations de la Turquie.
Le ministre turc a répondu qu’il voyait des "conditions préalables"
dans la décision de la Cour constitutionnelle arménienne, qui a
suscité de "l’étonnement" en Turquie, selon un communiqué du ministère
arménien des Affaires étrangères.
M. Nalbandian a par ailleurs indiqué que depuis la signature des
accords historiques en octobre 2009, "on n’observait en Turquie aucune
progression dans le processus de ratification des protocoles", qui
doivent encore être approuvés par les parlements des deux pays.
En outre, "la partie turque continue d’évoquer publiquement des
conditions préalables qui mettent en danger tout le processus de
normalisation des relations arméno-turques", a ajouté M. Nalbandian,
sans préciser lesquelles.
Les deux pays entretiennent des relations hostiles depuis des
décennies en raison des massacres et déportations d’Arméniens pendant
les dernières années de l’empire ottoman, de 1915 à 1917.
La Turquie reconnaît qu’entre 300.000 et 500.000 personnes ont péri,
non pas victimes d’une campagne d’extermination selon elle, mais dans
le chaos des dernières années de l’Empire ottoman.
Des responsables turcs ont précédemment répété que les accords ne
seraient par ratifiés si aucun progrès n’était constaté côté arménien
dans le conflit avec l’Azerbaïdjan sur le Nagorny Karabakh.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan entretiennent des relations très tendues
depuis depuis leur indépendance de l’URSS et une guerre au début des
années 1990 pour le contrôle du Nagorny Karabakh.
relations-armenie-turquie-question-genocide-nouvea u-table