Le Matin, Suisse
4 Mars 2010
Résolution sur le génocide arménien: Mme Clinton met en garde le Congrès
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a mis en garde le
Congrès contre l’adoption d’une résolution reconnaissant comme un
génocide les massacres d’Arméniens commis sous l’Empire ottoman, a
indiqué jeudi un porte-parole de la Maison Blanche.
AFP – le 04 mars 2010, 18h47
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a mis en garde le
Congrès contre l’adoption d’une résolution reconnaissant comme un
génocide les massacres d’Arméniens commis sous l’Empire ottoman, a
indiqué jeudi un porte-parole de la Maison Blanche.
La chef de la diplomatie a appelé mercredi le président de la
commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants
Howard Berman, alors que cette instance doit se réunir jeudi pour
discuter une résolution symbolique utilisant le terme de "génocide
arménien" ;, a précisé le porte-parole du Conseil de sécurité nationale
(NSC), Michael Hammer.
Lors de cette conversation, Mme Clinton a déclaré que si le Congrès
allait de l’avant dans l’adoption de cette résolution, cela "pourrait
dresser des obstacles devant la normalisation des relations" entre la
Turquie et l’Arménie, a ajouté M. Hammer dans un communiqué.
Ankara a multiplié les pressions pour empêcher le vote d’une telle
résolution. Le président turc Abdullah Gül a téléphoné mercredi soir Ã
son homologue américain Barack Obama à ce sujet, tandis que le
ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu pressait les
parlementaires américains de voter "non" à la résolution.
"Les relations turco-américaines passent par une phase très importante
au cours de laquelle elles ont besoin d’une coopération stratégique au
plus haut niveau dans leur histoire", a déclaré M. Davutoglu à Ankara.
"Nous avons fait des pas très importants vers une normalisation
complète dans le Caucase. Il faut éviter de mettre ces efforts en
péril", a-t-il ajouté, faisant référence au fragile processus de
normalisation de leurs relations entamé par la Turquie et l’Arménie.
Mais dans un discours préalable au vote en commission jeudi matin, M.
Berman a affirmé que "rien ne justifie que la Turquie ignore la
réalité du génocide arménien" et a pressé les parlementaires d’adopter
cette résolution.
Ce texte, qui n’a pas force de loi, appelle le président américain Ã
"qualifier de façon précise l’extermination systématique et délibérée
de 1.500.000 Arméniens, comme un génocide".
La question d’un génocide arménien est un champ de mines diplomatique.
Les Arméniens font pression pour que soient reconnus comme un génocide
les massacres et déportations qui, entre 1915 et 1917, ont tué selon
eux plus d’un million et demi d’entre eux.
La Turquie reconnaît qu’entre 300.000 et 500.000 personnes ont péri,
non pas victimes d’une campagne d’extermination mais selon elle dans
le chaos des dernières années de l’Empire ottoman.
Elle récuse la notion de génocide reconnue par la France, le Canada ou
le Parlement européen.
M. Obama, qui avait promis lors de sa campagne électorale la
reconnaissance du génocide arménien, a renoncé à employer ce terme
alors que les Etats-Unis soutiennent des efforts en cours pour une
ouverture de la frontière et l’établissement de relations
diplomatiques entre la Turquie et l’Arménie.
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