LE GENOCIDE ARMENIEN PRESENTE COMME UN DOCU-FICTION A LA TELEVISION ALLEMANDE
Stephane
armenews
lundi12 avril 2010
Il est rare qu’un documentaire soit presente pour la presse sous la
protection d’agents de securite. Dans le cas du documentaire richement
produit "Aghet – un genocide" la première chaîne publique allemande
l’ARD, groupement public de neuf radiodiffuseurs regionaux allemands
a voulu prendre toutes les precautions : Le thème du genocide des
Armeniens de 1915 a 1917, est pour beaucoup de Turcs, un tabou qui
a toujours suscite des violents troubles.
L’ex-redacteur en chef de l’hebdomadaire Der Spiegel Stefan Aust a
declare " avoir passe une nuit sans sommeil" après la previsualisation.
Les images historiques sont impressionnantes et parfois inquietantes.
" On estime que 1,5 million d’Armeniens sont morts a la fin de la
Première Guerre mondiale lors d’un genocide perpetre par les Turcs.
Les historiens le decrivent comme un "modèle" pour l’Holocauste.
L’histoire de ce crime avec "Aghet" arrive pour la première fois
"a la maison avec force et globalement pour un large public" , a
declare le chef du secteur fiction et programme de divertissement
de la NDR (Norddeutscher Rundfunk, une Radio de l’Allemagne du Nord)
Thomas Schreiber.
Eric Friedler le directeur du documentaire s’est clairement engage
pour le concept de genocide. Il pose la question, "Pourquoi aucun
gouvernement dans le monde n’a de problème pour discuter du genocide
au Rwanda ou au Cambodge ou de l’holocauste, mais sur le genocide
armenien au niveau international depuis presque cent ans une retenue
diplomatique est exercee".
"Aghet" (catastrophe) est le terme que les Armeniens emploient. Le 24
Avril 1915, le gouvernement nationaliste des Jeunes-Turcs a d’abord
arrete toute l’elite armenienne de Constantinople (aujourd’hui
Istanbul). Puis les Armeniens vivant principalement en Anatolie
orientale ont et rafles et envoyes via des marches de la mort vers
le sud pendant des mois. Ce qui les attendait etait la mort sûre et
prevu – par la faim, la soif, l’epuisement et les mauvais traitements
et viols par les gardes turcs et kurdes. La legitimite superficielle
a ete de dire que les Armeniens avait trahi la Turquie avait trahi
pendant la guerre ".
"Avec "Aghet", nous voulions trouver une forme par des documents
prouves, un film narratif qui raconte ce genocide et ses effets
jusqu’au 21ème siècle" a dit la productrice Katharina Trebitsch.
Materiellement on a assemble de nombreuses archives internationales.
Il a beneficie des fabricants de faits : de nombreux missionnaires
etrangers, membres de consulat, infirmières, officiers allemands et
correspondants qui eprouvaient sur place l’expulsion des Armeniens,
retenant leur horreur dans des lettres, journaux intimes et rapports.
Ces rapports de temoins oculaires sont rendus dans "Aghet" par 23
acteurs renommes, parmi ceux-ci Friedrich von Thun, Martina Gedeck,
Burghart Klaußner, Stefan Kurt, Joachim Krol et Ulrich Noethen.
Pour comprendre les motifs derrière le genocide, les propos de
l’ambassadeur americain d’alors, a Constantinople, Henry Morgenthau,
sont particulièrement enrichissant. Seuls quelques partisans comme
le missionnaire allemand Johannes Lepsius ou la danoise Karin Jeppe
ont reussi a temps a sauver des deportes au Liban.
L’infirmière suisse Beatrice Rohner, a toutefois dû constater que
près d’un millier d’orphelins armeniens ont ete transportes dans des
wagons a bestiaux. "La dernière fois que j’ai vu les enfants, cela
a ete dans un train special, où ils ont ete enleves, ecrit-elle. "
Ce fut le voile des tenèbres sur eux. Et autour de moi."
Le documentaire de 90 minutes fera " du bruit" juge le "Frankfurter
Allgemeine Zeitung".
"Aghet – un genocide" a ete diffuse une première fois vendredi a
23h30. Le docu-fiction d’Eric Friedler sera diffuse mardi 13 Avril,
a 20h15 sur le canal Phoenix.
Une table ronde anime par Alexander Kahler suivra la diffusion a
21h45 avec Bahattin Kaya (communaute turque en Allemagne), l’historien
Hans-Lukas Kieser (Universite de Zurich), Ahmet Kulahci (Hurriyet),
un representant de la communaute armenienne en Allemagne et la
journaliste Karen Kruger.
Selon le journal "Tagesspiegel" le docu-fiction sera diffuse par Arte.
Pour l’hebdomadaire Die Zeit (Le Temps) " Le lieu ou Talat Pasa repose
aujourd’hui dispose de fleurs, ses victimes n’ont meme pas une tombe".
L’ARD est une abreviation de Arbeitsgemeinschaft der
offentlich-rechtlichen Rundfunkanstalten der Bundesrepublik Deutschland
(Communaute de travail des etablissements de radiodiffusion de droit
public de la Republique Federale d’Allemagne) et c’est un groupement
public de neuf radiodiffuseurs regionaux allemands.
Le groupement ARD n’a pas de personnalite juridique propre. Il
se compose de 9 stations de radiodiffusion regionales, seules
habilitees a operer des chaînes de television publiques en Allemagne :
Bayerischer Rundfunk – Hessischer Rundfunk – Mitteldeutscher Rundfunk –
Norddeutscher Rundfunk – Rundfunk Berlin-Brandenburg – Radio Bremen –
Saarlandischer Rundfunk – Sudwestrundfunk – Westdeutscher Rundfunk.
La Deutsche Welle, service international de diffusion de l’Allemagne,
est egalement membre de l’ARD.