Génocide Arménien : Günter Grass demande aux Turcs de s’excuser
TURQUIE
dimanche18 avril 2010, par Stéphane/armenews
Le lauréat allemand du prix Nobel de littérature a trouvé les mots
corrects. Il a demandé aux Turcs de se confronter au génocide des
Arméniens et de s’excuser.
Günter Grass ne s’en est pas tenu à la règle. S’exprimant cette
semaine dans le palais de l’ambassadeur allemand dans Tarabya près du
Bosphore Günter Grass s’est laché. Concernant l’assassinat de plus
d’un million et demi d’Arméniens en 1915, il a dit « la Turquie doit
des excuses aux Arméniens ». Il a ainsi démontré selon la presse
allemande qu’on n’humilie pas les Turcs, si on aborde franchement ce
chapitre terrible de l’histoire turque. Il l’a fait comme un Allemand.
En tant qu’instance morale. Avec le sens de l’urgence et l’humain.
Günter Grass a été membre de la Waffen-SS dans sa jeunesse ayant
lui-même fait cette révélation il y a quelques années. Il a décrit en
Turquie comment ce fût difficile pour lui, comme difficile pour les
Allemands effectivement de reconnaître et de réfléchir sur
l’holocauste.
« La première réaction a été de dire que cela ne pouvait pas être vrai
» a-t-il dit. Mais on devait voir les faits au regard de leur nom. «
Nous l’avons fait. » Alors qu’en Turquie : « Quand les crimes contre
les Arméniens seront-ils reconnus ? » s’est-il interrogé.
Il a souligné que le rôle des écrivains est de mettre « le doigt dans
la blessure ».
Il a renvoyé à une inspiration avant ce voyage d’un documentaire.
Günter Grass avait vu le film Aghet – un génocide d’Eric Friedler qui
est passé la semaine passée sur la chaîne ARD. « Des documents
indiscutables » ont été mis en avant a dit Günter Grass. « Le meilleur
serait de diffuser ce film à la télévision turque. » La reconnaissance
des faits, citer les choses par leur nom, faire le deuil à l’arrivée.
Ainsi voici les trois recommandations faites par Günter Grass aux
Turcs.
Dans le journal Hürriyet Dogan Hizlan a écrit « Günter Grass a indiqué
« ses expériences » sur la façon dont « l’humanité peut vivre dans la
paix ». Avec un public composé d’étudiants, il y a eu des
applaudissements. Un étudiant reconnaissant les visages blêmes des
professeurs a déclaré : « C’est pour nous un tabou de parler de ce
sujet. » Pas pour Günter Grass, un monument moral avec une biographie
avec des cassures.
Est-ce peut-être ce chemin plein de contradictions de Günter Grass qui
l’a aidé à avoir un discours juste en Turquie. : « Etait-ce un
génocide ? » Günter Grass ne s’en soucie pas : « Je n’utilise pas le
mot génocide. Ce sera la tche de la Turquie de reconnaître, si le mot
génocide prend la mesure de l’évènement. En ce qui concerne
l’Allemagne, je le considère comme convenable ». « De même que
l’Allemagne l’a fait, la Turquie doit apprendre comment traiter avec
son passé » a ajouté Günter Grass.
« Nous ne sommes pas fiers de notre passé. Mais les crimes commis par
les générations passées ne sont pas acceptés par les générations qui
suivent » a-t-il dit, ajoutant que la Turquie doit apprendre de cette
expérience comment traiter avec le massacre des Arméniens lors de la
Première guerre mondiale.
« La Turquie ne doit pas fermer les yeux sur les massacres de 1914. Un
million et demi de personnes ont été assassinés et cela ne doit pas
être ignoré ».
Notant que dans la société turque un changement « se fait sentir très
lentement » Günter Grass a invité les citoyens à prendre un rôle
actif, notant les protestations de masses qui se sont tenues en
Turquie en réponse au meurtre du journaliste Hrant Dink.