Le Genocide Armenien, Une Cause Vivante

LE GENOCIDE ARMENIEN, UNE CAUSE VIVANTE
par Stephane

armenews
jeudi6 mai 2010

SUISSE

Le blog de Guy Mettan, journaliste, homme politique

Monsieur le representant de la Republique d’Armenie,

Monsieur les representants des autorites religieuses,

Madame et Messieurs les representants des associations armeniennes
de Suisse romande,

Madame et Messieurs,

Chers amis,

Permettez-moi d’abord de vous remercier de m’avoir permis de me joindre
a vous pour la commemoration de cet evenement tragique mais majeur
de l’histoire du XXe siècle que fut le genocide du peuple armenien
voici maintenant 95 ans.

Cet honneur me touche particulièrement parce que je pense que celles
et ceux qui en ont souffert et en souffrent encore aujourd’hui sont
doublement victimes de l’injustice de l’histoire et de l’injustice
des hommes.

Ils le sont doublement parce que non seulement ils ont souffert dans
leur chair de la disparition physique de leurs proches et de tout
leur peuple, par la famine, la deportation, les marches forcees et
toutes les formes possibles d’extermination. Mais aussi parce qu’ils
doivent continuer a en souffrir parce que trop souvent, trop de gens,
trop de pays, trop d’Etats continuent a refuser de reconnaître le
genocide dont ils ont ete victimes.

On le sait, le genocide des Armeniens fut le premier des genocides
du XXe siècle. Mais alors que tous les autres ont ete reconnus et
sanctionnes par des tribunaux penaux exceptionnels – l’Holocauste
avec le Tribunal de Nuremberg et les procès qui ont suivi en Israël,
le genocide cambodgien avec l’actuel tribunal qui vient de se
reunir a Phnom Penh, le genocide rwandais avec le tribunal penal
d’Arusha et le massacre de Srebrenica avec le tribunal de la Haye –
celui des Armeniens en 1915 reste encore largement ignore dans le
pays meme qui l’a commis. Pire, les Turcs qui luttent pour le faire
reconnaître sont souvent pourchasses quand ils ne sont pas assassines
par des extremistes negationnistes. A ce propos, je suggère que nous
exprimions notre solidarite avec les habitants du Kivu, dans l’Est
du Congo, dont 5 millions de personnes ont deja ete massacrees dans
l’indifference generale.

En Suisse, grâce notamment a l’action de notre regrette ami Jean-Claude
Vaudroz, la cause armeniennen a pu etre entendue. Mais beaucoup
reste a faire et je ne peux que regretter le silence des medias,
qui peinent a l’evoquer dans leurs colonnes ou a la television. Nous
vivons une epoque dans laquelle le spectaculaire l’emporte sur tout
le reste et qui se livre volontiers a la competition victimaire. Or
dans ce combat-la, derisoire en regard des victimes, les Armeniens
partent perdants, parce qu’ils sont un peuple modeste, pudique, qui
n’aime pas etaler ses souffrances sur la scène publique et pour qui
la famille et la communaute des parents et des amis l’emporte sur le
desir de paraître et le besoin de revendiquer.

Il faut donc saluer d’autant plus celles et ceux qui continuent lutter
dans ce sens et qui contribuent a garder vivant le souvenir de cette
tragedie. Au nom des autorites de la Republique et canton de Genève,
qu’ils soient donc remercies d’avoir organise l’evenement de ce soir.

J’aimerai terminer enfin par une note positive pour le futur. On a
vu, ou on a cru voir, que la situation politique se detendait entre
la Turquie et l’Armenie. On peut s’en rejouir, bien que la realite
apparaisse plus complexe que ce que les communiques officiels veulent
bien en dire. Quoiqu’il en soit, il faut continuer a ~uvrer pour la
detente et pour le desenclavement economique des Armeniens d’Armenie.

Et dans cette perspective, les membres de la diaspora et les
communautes armeniennes de Genève et de Suisse peuvent compter sur le
soutien des Genevois. Hagop Avakian m’a recemment parle d’un projet de
voyage d’une delegation economique et politique genevoise en Armenie.

Je serai heureux d’y apporter ma contribution et d’y participer si
ce projet devait se realiser. La communaute armenienne de Genève
est estimee, elle se sent bien dans notre ville, elle est appreciee
des Genevois : c’est donc a nous qu’il revient d’entretenir cette
amitie, de la developper et de la transformer aussi en developpement
economique.

Et cela, c’est sans aucun doute la meilleure manière de repondre a
ceux qui persistent a ignorer l’Armenie et le genocide de 1915.