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Turcs-Arméniens, le temps du dialogue

Le Monde, France
Vendredi 3 Avril 2015

Turcs-Arméniens, le temps du dialogue

Par une matinée de l’hiver stambouliote, une foule endeuillée est
venue se recueillir et déposer des gerbes de fleurs sur le trottoir,
juste devant l’immeuble du journal Agos. A l’endroit exact où, il y a
deux ans, Hrant Dink s’est écroulé, face contre terre. A la fenêtre du
journal, l’acteur turc Halil Ergün rend un vibrant hommage à son ami,
son ‘frère, fils orphelin d’un peuple orphelin ‘. Les visages déchirés
par la douleur, la famille et les proches du journaliste arménien
assassiné en janvier 2007 se faufilent vers les premiers rangs en se
serrant les coudes. Des centaines d’anonymes aux yeux rougis suivent,
brandissant les fameux panneaux noirs sur lesquels sont écrits : ‘Pour
Hrant, pour la Justice ‘, ou ‘ Nous sommes tous arméniens ‘.

On trouve dans le défilé des Arméniens d’Istanbul, bien sûr,
désorientés depuis que leur porte-voix au grand coeur a été réduit au
silence, tué de trois balles dans la tête par un adolescent désoeuvré
et fanatisé de 17 ans, Ogun Samast. On trouve aussi des membres
d’autres minorités, grecque et kurde, des militants de gauche, des
compagnons de lutte ou de simples citoyens turcs. Deux ans après cet
assassinat perpétré en plein jour dans le centre d’Istanbul, l’émotion
qui a saisi la Turquie ne s’éteint pas. Hrant Dink n’est pourtant pas
le premier intellectuel assassiné dans le pays. Mais sans doute celui
de trop.

DES PROTECTIONS EN HAUT LIEU

Quelques jours plus tard, le 23 janvier, les slogans et les affiches
sont de nouveau de sortie, devant le tribunal de Besiktas, à Istanbul.
C’est là qu’est actuellement jugé Samast, l’auteur des coups de feu
mortels avec ses complices présumés, tous membres de groupuscules
nationalistes violents et originaires de Trabzon, sur la mer Noire.
Comme à chaque audience, les amis du journaliste manifestent pour une
justice équitable. Ce procès fleuve, englué dans les lourdeurs de la
procédure, a perdu depuis longtemps toute crédibilité, selon les
avocats de la famille Dink. Seuls les exécutants ont été inquiétés,
alors même qu’un rapport officiel a mis en lumière les nombreux
‘oublis ‘ commis par la police turque et les protections en haut lieu
dont ont bénéficié les assassins. Au cours de l’enquête, par exemple,
les enregistrements des caméras de vidéosurveillance de l’agence
bancaire voisine d’Agos ont mystérieusement disparu.

Après l’arrestation d’Ogun Samast, les policiers avaient posé
fièrement en compagnie du jeune meurtrier, un drapeau turc entre les
mains. Et malgré de nombreuses requêtes des parties civiles et des
liens évidents, le dossier Hrant Dink n’a toujours pas été rapproché
de celui de la cellule ultranationaliste Ergenekon, également jugée
depuis octobre 2008. Ce réseau parallèle composé de militaires, de
magistrats, d’avocats, de journalistes et de mafieux, agissant au
coeur de l’appareil étatique, est soupçonné d’avoir préparé des
assassinats et des attentats, dans le but de déstabiliser le pays et
de préparer le terrain à un coup d’Etat.

Pour la mouvance nationaliste et une partie de la presse, Hrant Dink
était devenu l’homme à abattre. Les jours précédant sa mort, il ne
cachait pas son anxiété. La veille, il avait envoyé ce texte au
quotidien libéral Radikal : ‘Je me sens inquiet et angoissé comme une
colombe, mais je sais que dans ce pays, les gens ne touchent pas aux
colombes. Elles peuvent vivre en plein coeur des villes, au plus chaud
des foules humaines. Non sans crainte, évidemment, mais avec quelle
liberté ! ‘. Cet homme de paix, généreux et fragile, était l’un des
intellectuels les plus engagés sur le front de la démocratisation de
son pays, la Turquie.

Arménien d’Anatolie, né en 1954, à Malatya, Hrant Dink a grandi près
d’Istanbul dans un orphelinat lié au patriarcat arménien qui sera plus
tard confisqué par l’Etat turc. Engagé dans les mouvements de gauche
dans les années 1980, il fut l’un des premiers Arméniens à défendre
haut et fort les droits de sa communauté, recluse dans la crainte et
le silence.

De cet engagement forcené à réconcilier Turcs et Arméniens naquit Agos
(le sillon, en arménien), en 1996. Un petit journal hebdomadaire
bilingue, turc et arménien, monté avec quelques amis. ‘Hrant a
commencé à dire qu’il fallait faire part de nos opinions, non
seulement en arménien mais surtout en turc, pour pouvoir toucher le
grand public. Exprimer nos souffrances, nos peines, notre identité.
Mais aussi nos joies et notre culture, raconte Karin Karakasli,
universitaire arménienne proche de Dink, qui faisait partie du noyau
originel d’Agos. Il voulait faire revivre la culture arménienne de
Turquie et accompagner la démocratisation du pays. Etre engagé
politiquement, sans faire de concession sur l’identité arménienne. Il
répétait aux Arméniens que se renfermer sur eux-mêmes ne les
protégerait pas. ‘Ouvrez-vous et exprimez vos peurs !’, nous
disait-il. ‘

Dans les colonnes de sa gazette, Dink évoquait tous les sujets, sans
détours. Il publiait par exemple les textes d’historiens turcs comme
Taner Akçam ou Halil Berktay, qui parlent ouvertement des massacres
d’Arméniens de 1915 comme d’un génocide. Il critiquait aussi
l’approche trop frontale d’une partie de la diaspora arménienne,
sourde aux appels des démocrates turcs. ‘La forme pathologique de la
relation turco-arménienne est aujourd’hui un cas clinique, écrivait-il
en 2004 : les Arméniens souffrent de leur traumatisme et les Turcs de
leur paranoïa. Tant qu’ils ne seront pas guéris de cette pathologie
dans laquelle ils se débattent désespérément (peut-être n’est-ce pas
aussi vrai pour les Turcs), les Arméniens ne pourront pas reconstruire
leur identité sur une base saine. Finalement, il est évident que le
“facteur turc” est à la fois le poison et l’antidote de l’identité
arménienne. ‘ Certains le prenaient pour un fou. D’autres pour un
rêveur. ‘Quand ils ont vu Hrant à la télévision, raconter sa peine,
avec des larmes, les Turcs ont commencé à voir un Arménien humain et à
éprouver de l’empathie ‘, se souvient Karin Karakasli, émue.

Le sillon tracé par Hrant Dink et Agos ne s’est pas refermé avec sa
mort. Bien au contraire. L’image de son corps étendu sur le trottoir
et recouvert d’un drap blanc dont ne dépassaient que les semelles de
ses chaussures a été un accélérateur de l’histoire. Le jour de ses
funérailles, une marée humaine de plus de 100 000 personnes est
descendue dans la rue, scandant : ‘Nous sommes tous Hrant Dink ! Nous
sommes tous arméniens ! ‘ Des mots considérés comme indicibles par les
nationalistes turcs. ‘Nous avions le soutien des Turcs. Pour la
première fois, nous nous sommes sentis citoyens de ce pays ‘, témoigne
Aris Nalci, Arménien d’Istanbul et éditeur d’Agos. Autour du cercueil,
des gens se sont découverts et des amitiés inattendues se sont nouées.
Dans ce cortège, de nombreux Arméniens de la diaspora, invités par le
gouvernement turc pour les obsèques, visitaient Istanbul pour la
première fois et découvraient l’existence, en Turquie, d’une
communauté d’individus capables d’empathie.

30 000 TURCS DEMANDENT PARDON

‘Peut-être avions-nous besoin d’un martyr ? ‘, se demande Rober
Koptas, jeune éditorialiste arménien d’Agos. Le travail des
consciences a en tout cas débouché sur une pétition inédite, lancée
fin décembre 2008. Quatre intellectuels turcs, proches de Hrant Dink
et de son journal, ont décidé de publier un court appel, à la première
personne du singulier. ‘Ma conscience ne peut accepter que l’on reste
indifférent à la Grande Catastrophe que les Arméniens ottomans ont
subie en 1915, et qu’on la nie. Je rejette cette injustice et, pour ma
part, je partage les sentiments et les peines de mes soeurs et frères
arméniens et je leur demande pardon. ‘ Cengiz Aktar, Ali Bayramoglu,
Ahmet Insel et Baskin Oran sont rapidement rejoints par 200
intellectuels et artistes, puis par 30 000 Turcs, signataires de la
pétition sur le site Internet. Bien sûr il y a les attaques
incessantes de hackers, les contre-pétitions des nationalistes qui à
leur tour réclament des excuses de la part des Arméniens. Le premier
ministre Recep Tayyip Erdogan s’est lui aussi demandé : ‘Pourquoi
devrions-nous nous excuser ? ‘

‘ Mais 30 000 personnes demandent pardon… On ne peut plus les ignorer
‘, se félicite Cengiz Aktar, directeur du département d’études
européennes à l’université Bahçesehir. Dans les locaux de la fondation
Hrant Dink, à côté des bureaux d’Agos, Ali Bayramoglu acquiesce :
‘L’important c’est que la question arménienne soit devenue un sujet de
débat acharné de la politique turque et du processus social. On se
politise autour de ce sujet. Maintenant on sait qu’il s’est passé
quelque chose. ‘ Flanqué d’un garde du corps, comme d’autres
intellectuels, après la mort de son ami, Ali Bayramoglu a désormais
droit à un deuxième ange gardien pour assurer sa protection. Les plans
de sa maison et des croquis ont été retrouvés chez Ibrahim Sahin, un
ancien chef des forces spéciales de la police, arrêté dans le cadre de
l’enquête sur le réseau Ergenekon. ‘Mais ce n’est pas à cause des
menaces que nous allons nous taire, renchérit Ali Bayramoglu. Nous
avons besoin d’une rencontre avec notre propre histoire. Toucher à
1915 c’est toucher au tabou de l’identité turque. C’est comme ça que
la démocratisation peut avancer. ‘

Cette pétition, intitulée ‘özür diliyorum ‘, ‘nous demandons pardon ‘,
fait bouger les lignes. Certains, côté turc, contestent l’emploi du
mot pardon. D’autres, côté arménien, s’attardent sur l’absence du mot
génocide. Mais le dialogue est établi. ‘Nous étions d’accord pour ne
pas employer le mot génocide qui empêche toute discussion, explique
Ali Bayramoglu, précisant qu’à titre personnel, il n’a aucun problème
à employer le mot. Sinon nous n’aurions même pas eu 1 000 signatures.
‘ ‘Il faut comprendre qu’ici, utiliser le mot génocide, c’est
construire un mur avec les Turcs, note Rober Koptas. Si le but est de
faire évoluer la société turque, il faut maintenir le dialogue. ‘

Autre fait nouveau, la justice turque ne s’est pas mise en travers de
cette campagne de pardon. Des plaintes ont été déposées contre ses
initiateurs pour ‘insulte à l’identité turque ‘, au nom du fameux
article 301 du code pénal qui a été utilisé contre des dizaines
d’intellectuels et de journalistes depuis 2005, et retiré il y a
quelques mois. Mais les procureurs n’ont pas donné suite. Signe d’une
lente évolution des mentalités. Indéniablement, l’ouverture des
négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, en 2004, a
autorisé de nouveaux espoirs et libéré la parole sur la question
arménienne.

Fin 2005, lorsqu’un groupe d’intellectuels, parmi lesquels Hrant Dink,
décident d’organiser, à Istanbul, une conférence universitaire sur le
thème des ‘Arméniens à la fin de l’empire ottoman ‘, la réunion
dérange. Le ministre de la justice, Cemil Ciçek, parle alors de ‘coup
de poignard dans le dos ‘. Les ultranationalistes vilipendent les
‘traîtres à la nation ‘ et parlent toujours de ‘restes de l’épée ‘
pour qualifier les rescapés des massacres… En Turquie, le mot
‘Arménien ‘ est encore, dans la bouche de beaucoup, une insulte. Mais,
comme le note le quotidien Radikal dans les jours qui suivent la
conférence, ‘le mot génocide a été prononcé publiquement en Turquie et
la terre continue de tourner ‘. La brèche était ouverte.

Le pardon des 30 000 Turcs commence également à adoucir la perception
de la diaspora arménienne. Une poignée d’intellectuels s’est à son
tour mobilisée pour dire ‘merci aux Turcs qui demandent pardon ‘.
Parmi eux, le cinéaste canadien Atom Egoyan, auteur d’Ararat (2002),
le réalisateur français Robert Guédiguian ou le comédien Serge
Avédikian, à l’origine de ce texte [lire sur le blog]. C’est aussi le
message délivré par l’intellectuel d’origine arménienne Jean Kéhayan,
dans une ‘Lettre à mes frères turcs ‘ publiée le 5 janvier dans
Libération. ‘Si on veut que l’Etat turc s’excuse un jour, ce n’est pas
en cassant la gueule des Turcs qu’on va le faire mais en soutenant la
démocratisation ‘, résume Ali Bayramoglu. Hrant Dink ne disait rien
d’autre. Notamment lorsqu’il s’élevait contre les projets, en France,
de pénalisation de la négation du génocide arménien. Une démarche
contre-productive, selon les démocrates turcs. ‘J’irai en France
clamer qu’il n’y a pas eu de génocide, répétait alors Dink. Et en
rentrant en Turquie, j’expliquerai que c’en était un. ‘

Au niveau étatique aussi, l’heure est à la détente. L’année 2008 aura
marqué un tournant dans les échanges entre la Turquie et l’Arménie,
avec en point d’orgue le voyage très symbolique du président de la
République turque Abdullah Gül, le 6 septembre en Arménie, pour un
match de football entre les équipes nationales des deux pays. Les deux
chefs d’Etat, côte à côte dans les tribunes, ont brisé un tabou.
L’hymne turc a été joué à Erevan, dans le vieux stade Hrazdan, dominé
par la flèche noire du Mémorial du génocide arménien. Un groupe
d’activistes turcs opposés à l’armée, ‘les Jeunes civils ‘, avait
également fait le voyage pour participer à cette rencontre historique
qui aurait enthousiasmé Hrant Dink. Sa fille Delai était aussi dans
les tribunes. ‘Cet événement n’a pas fait disparaître le génocide, il
ne l’a pas nié non plus. Il a encore moins fait revenir mon père. Il a
seulement entrouvert une porte. Poussons-la ensemble ‘, a-t-elle
ensuite écrit dans Agos.

UN VENT DE LIBERTÉ

Grce à la ‘diplomatie du football ‘, les deux voisins en froid sont
en passe de rétablir des relations diplomatiques. Déjà les liaisons
aériennes ont été rétablies depuis quelques années et 40 000 Arméniens
d’Arménie travaillent à Istanbul. ‘Nous sommes proches de la
normalisation ‘, a déclaré début février le président arménien, Serj
Sarksian. Selon les observateurs, ce processus pourrait déboucher
assez rapidement sur la réouverture de la frontière commune.

Fermée depuis 1993 par Ankara, pour protester contre le soutien
arménien à la sécession du Nagorny Karabakh, une province
d’Azerbaïdjan majoritairement peuplée d’Arméniens, la frontière
arméno-turque demeure désespérément close. Des deux côtés, la
population étouffe. Pour rallier la ville turque de Kars à sa jumelle
de Gyumri, côté arménien, distante d’à peine 40 km, il faut
actuellement plus de dix heures de route, en passant par la Géorgie.

Sur la question du génocide, le négationnisme de l’Etat turc
s’essouffle. L’administration est désormais priée de ne plus parler de
‘prétendu génocide ‘ ou des ‘allégations arméniennes ‘, les termes
officiels, mais des ‘événements de 1915 ‘. Des départements
d’enseignement de l’arménien doivent ouvrir cette année dans deux
universités. ‘Il ne faut pas forcément y chercher une forme de
sincérité, estime Ali Bayramoglu. Mais ce qui est important, c’est
qu’ils soient obligés de changer. ‘

C’est le vent de liberté qui souffle en Turquie qui en est aussi la
cause. Depuis quelques années, les projets artistiques invitant au
dialogue et à l’introspection historique se multiplient. A l’image du
livre de la journaliste turque Ece Temelkuran, La profondeur du mont
Ararat, le récit d’un voyage, d’Erevan à Los Angeles en passant par
Paris, à la découverte des Arméniens. Le document de Fethiye Cetin,
avocate de la famille Dink, racontant dans Le livre de ma grand-mère
la découverte de ses origines arméniennes, les publications de la
maison d’édition Aras, en turc et en arménien, ou encore le film de
Serge Avédikian, Nous avons bu la même eau, sorti en France en mai
dernier et projeté et débattu fin 2008 dans un festival de
courts-métrages à Istanbul. Expositions de photos, concerts,
festivals… La multiplication de ces initiatives a rythmé cette période
de rapprochement.

Dans la rédaction d’Agos, orpheline de son fondateur, Hrant Dink
demeure omniprésent. Son bureau patiné est resté comme il l’avait
laissé, rempli de bibelots et de photos. Les portraits et les affiches
des manifestations décorent les murs du journal. Les compagnons de
route ont repris le flambeau, avec à leur tête Etyen Mahçupyan. Ce
grand gaillard barbu au regard triste reçoit dans son petit bureau, la
télévision branchée en permanence sur la chaîne hippique. ‘Lui c’est
mon cerveau et moi je suis son coeur ‘, disait Dink à son sujet. Les
deux hommes partageaient tout, à commencer par leur passion dévorante
pour les courses de chevaux. ‘Nous nous appelions cinq ou six fois par
jour, raconte le nouveau rédacteur en chef. C’est très dur de se dire
qu’il n’est plus là. Mais sans Agos, cela aurait été plus dur encore.
Pour cela, quand ils m’ont demandé de prendre la succession, je
n’avais pas très envie d’accepter mais je n’ai pas eu le choix ‘,
explique-t-il.

Dans son malheur, le journal connaît une seconde jeunesse, a élargi
son lectorat (il est tiré à 6 000 exemplaires), s’est fait connaître
hors de la communauté arménienne et à l’étranger. Des versions en
anglais et en français sont en préparation. Surtout, une jeune
génération décomplexée de Turcs arméniens arrive à maturité et se
prépare à assumer l’héritage de Hrant Dink. ‘Quand j’ai commencé à
travailler à Agos, ma mère avait peur pour moi, elle voulait me
protéger. Aujourd’hui encore, je ne lui dis pas tout ce que je fais,
sourit l’éditorialiste Rober Koptas, 31 ans. Mais maintenant, nous
sommes plus nombreux et plus courageux. Nous les jeunes, voulons
réclamer nos droits et nos libertés, avoir des amis turcs à
l’université et plus d’échanges avec la société turque et avec la
diaspora…’ Et faire tomber les derniers tabous.

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