GENOCIDE DES ARMENIENS: UN JOURNALISTE PERSONA NON GRATA EN TURQUIE
RFi, France
6 avril 2015
AFP PHOTO / KAREN MINASYAN
Les autorites turques tentent-elles d’empecher la presse internationale
de parler du centenaire du genocide des Armeniens ? Un photoreporter
allemand s’est vu refuser l’entree en Turquie a son arrivee a
l’aeroport d’Istanbul, où il venait travailler sur les commemorations
du genocide de 1915 – qu’Ankara refuse toujours de reconnaître.
Habitue des reportages en Turquie, Andy Spyra ne s’attendait pas etre
traite comme un hors-la-loi dès son arrivee a l’aeroport, ni a etre
refoule dans son pays après une nuit en detention. Le 28 mars dernier,
après un interrogatoire en bonne et due forme et une fouille complète,
y compris des cartes memoires de ses travaux photographiques, le
photoreporter s’est vu expliquer qu’il etait persona non grata en
Turquie >, sans autre detail.
Ce n’est qu’ensuite, a son retour en Allemagne, qu’il apprit que la
police turque avait contacte les autorites allemandes pour verifier
son identite et son casier judiciaire sur des soupcons d’accointance
avec des reseaux jihadistes.
Et, bien que les services de renseignements allemands aient atteste
sa probite, il a tout de meme ete remis dans le premier avion pour
Dusseldorf. Le magazine Der Spiegel, pour lequel Andy Spyra etait
parti en mission pour travailler sur les ceremonies commemoratives
du genocide, a rapporte l’affaire samedi 4 avril.
Un pretexte juge falacieux
Pour Andy Spyra, le pretexte de son expulsion etait fallacieux, et
la vraie raison de son renvoi est un reportage publie deux semaines
auparavant, qui traitait du centenaire du genocide armenien. Le sujet
qu’il venait justement a traiter de nouveau en Turquie meme. Au mois
de mars, deja, une equipe de la television allemande ZDF s’etait vue
refuser une autorisation de tournage en Turquie sur le meme sujet de
l’anniversaire du genocide de 1915. Un precedent qui renforce Andy
Spyra dans son idee que c’est bien la la raison de son refoulement.
Parallèlement a ces mesures prises a l’encontre de journalistes
etrangers, une conference internationale annoncee depuis mars,
et coparrainee par la Fondation turque d’histoire (Tarih Vakfi)
et l’universite de Californie-Los Angeles (UCLA). Intitulee >, elle devait se
tenir a l’universite Bilgi d’Istanbul le 26 avril prochain, mais a
ete annulee suite a des pressions, rapporte l’hebdomadaire armenien
Agos. Un hebdomadaire dont le directeur de la publication avait ete
assassine en janvier 2007.
From: A. Papazian