Dans l’exclusion d’Özdemir, Lutgen applique la ligne défendue il y a une semaine.
Ce vendredi, le CDH a décidé d’exclure sa députée Mahinur Özdemir, qui s’est refusée à reconnaître le génocide arménien. Cette décision est logique et surtout cohérente. Le président Lutgen applique ainsi la ligne défendue dans son interview au Soir, il y a une semaine.
Le sujet qui porte sur un épisode criminel de l’histoire européenne, est complexe et continue d’opposer deux communautés dans la manière de qualifier ces événements. Y-a-t-il eu ou pas génocide des Arméniens par les Turcs ? Certains Etats ont décidé de répondre oui, d’autres n’ont pas tranché, s’en remettant à une consultation internationale. Mais ce n’est pas cela qui est en cause ici. Personne, et certainement pas la presse, n’oblige les Belges, qu’ils soient ou non d’origine turque, à adopter l’une ou l’autre position. Personne d’ailleurs n’en a le droit car la Belgique fait partie de ceux qui n’ont pas tranché. Aucune loi n’a été adoptée, et personne ne peut être condamné pour déni de génocide arménien, contrairement à la Shoah.
Ce sont certains partis politiques, et eux seuls, qui ont allumé le feu qui risque de brûler désormais, et de rejaillir sur une partie de la société, en la divisant. Sans que personne ne les y pousse, certaines formations politiques ont adopté une position limpide revendiquée haut et fort au nom de leurs valeurs, en condamnant sans ambiguité le génocide arménien. Ces valeurs sont-elles négociables ? Peut-on accepter que des membres et à fortiori des élus, pensent autrement sur ce sujet, que la ligne du parti ? Le CDH a tranché, c’est non. Chez Ecolo, la présidente Zakia Khattabi nous a déclaré que cela ne pouvait se produire chez eux, « leurs listes n’étant pas composées de façon communautariste ». Le PS, lui, veut donner l’impression qu’il prend plus de hauteur que d’autres, en acceptant un « dialogue », alors qu’il s’est placé dans une incohérence née surtout de tactiques électoralistes. Les partis qui ont décidé de reconnaître le génocide armenien, ont créé ce risque d’incohérence et se devaient de le gérer. Il est particulièrement lâche aujourd’hui de reporter les conséquences de cette non gestion, sur ceux qui ne font que la leur mettre devant les yeux.
Ajoutons que ce sont ces mêmes partis qui ont donné l’occasion de constater leur incohérence en plein jour, en souhaitant une minute de silence dans les Parlements. On ne joue pas avec le génocide, pas plus pour des raisons électorales que pour se donner bonne figure. Certains l’apprennent à leurs dépens, ils feraient aussi bien de l’assumer.