Namur-Luxembourg Une famille d'origine arménienne a posé ses valises à Fraire (Walcourt) il y a neuf ans… avant de devoir les refaire ce vendredi sur l'ordre de l'Office des étrangers. Les deux enfants du foyer, Anna, 6 ans, et Gor, 9 ans, s'apprêtaient à reprendre les cours dans l'école libre du quartier. Il n'y avait qu'un seul sujet de discussion sur les lèvres de toutes les familles, le matin même. " Leur vie est ici, leurs enfants sont nés ici", a déclaré l'institutrice de Gor à nos confrères de La Nouvelle Gazette Sambre & Meuse. " Lui et sa sœur apprennent aussi bien que les autres élèves. Il faut dire que leurs parents ont très vite fait l’effort d’apprendre le français." " C’est rare d’avoir un enfant [Gor] qui soit à ce point l’ami de tous", a ajouté son professeur de gym.
"Jeudi, l'un des parents m’a appelée à 7h30 du matin pour me dire que cinq policiers étaient chez eux, avec deux combis", rapporte une voisine très proche du couple à La Nouvelle Gazette. "Quand je suis arrivée, les enfants étaient figés, assis dans le divan."
Ils sont une vingtaine de parents à avoir exprimé leur incompréhension à la suite de cette expulsion sans préavis. "On va peut-être contacter Charles Aznavour, qui est arménien et soutient parfois des actions en faveur de compatriotes", prévenait un papa.
5.000 signatures en deux jours
Un véritable élan de mobilisation s'est organisé sur la plateforme change.org. En deux jours, pas moins de 5.000 signatures ont été récoltées. "On ne laisse pas des gens s’installer pour leur dire 9 ans plus tard qu’ils doivent partir, à nouveau tout quitter : c’est inhumain. Ils ont fait une nouvelle vie chez nous et étaient d’ailleurs plus impliqués que certains Frairois dans la vie associative du village", confie à ce sujet la bourgmestre de Walcourt, Christine Poulin.
De quoi mettre la lumière sur la situation particulièrement délicate dans laquelle vivait la famille : sans aucun revenu, elle ne bénéficiait que d'un logis et d'une aide médicale en cas d'urgence.
L'avocat de la famille, Gerrit Klapwijk, compte introduire un recours. "Nous allons, devant le Conseil du Contentieux des Étrangers, introduire une requête en suspension en extrême urgence, ainsi qu’une requête en mesures urgentes et provisoires", a-t-il détaillé. Cela permettra à l'expulsion d'être suspendue pour un temps indéterminé. Il ajoute que la famille avait lancé une procédure de demande d'asile en 2008.
A l'école, les enfants s'épanchent
"J’ai du stress pour Gor et sa famille parce qu’il va peut-être leur arriver quelque chose de pas bien", confie un élève de l'école libre. "J’espère qu’il saura se défendre."
"C’était mon ami, je n’ai pas envie de le perdre. On jouait tout le temps ensemble et il m’aidait pour les devoirs", dit un autre.
Et un autre encore : "Jeudi, après l’école, j’ai pleuré. Je jouais souvent avec lui, il était super gentil."
Depuis, l'élan de soutien a gagné en puissance. Ce samedi matin, il étaient plusieurs parents à faire la route jusque Belgrade pour supporter Gor à son match de basket. Demain, une marche des bougies aura lieu dans l'après-midi. La pétition sera imprimée, transmise à la commune et, le groupe de soutien l'espère, au cabinet Francken.