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L’Arménie : Khoren Hovhannisyan, meilleur joueur arménien du XXe siècle

Footballski – le football de l'est
15 févr. 2018

L’Arménie : Khoren Hovhannisyan, meilleur joueur arménien du XXe siècle

A moins d’un an de la Coupe du Monde, nous avons décidé de nous replonger dans l’histoire du football soviétique des différentes (quatorze, hors Russie) républiques socialistes soviétiques d’Union Soviétique avec quatorze semaines spéciales, toutes reprenant le même format. Nous entamons déjà la deuxième partie de notre série avec cette semaine l’Arménie et aujourd’hui, nous vous offrons l’histoire de Khoren Hovhannisyan, meilleur joueur arménien du XXe siècle.


Lire aussi : Le football dans les RSS #38 – L’Arménie : l’Ararat Erevan , l’exception arménienne de l’ère soviétique


Il est la dernière grande star du football arménien avant l’avènement de Henrikh Mkhitaryan. Son talent l’amènera à porter plusieurs fois le maillot rouge de la sélection et à être le premier de ses compatriotes à avoir l’honneur de disputer la Coupe du monde. Connu pour son talent balle au pied et ses frappes du gauche, retour sur la carrière de Khoren Hovhannisyan, un des meilleurs meneurs de jeu en URSS dans les années 1980.

Khoren Hovhannisyan est né le 10 janvier 1955 à Erevan dans une famille de sportifs. Son père a pratiqué l’haltérophilie et sa mère la gymnastique. Il commence le football dans une équipe de jeunes avec la quelle il remporte un tournoi national à 14 ans. Petit à petit, il se fait repérer par les sélectionneurs soviétiques d’équipe de jeunes et en 1973, il intègre la réserve de l’Ararat Erevan. Alors que le championnat n’a pas commencé, l’Ararat dispute les quarts de finale de la C1 en mars 1975 face au Bayern Munich. Âgé de 20 ans il est sur le banc lors du match retour. A la 64e minute, Victor Maslov décide de remplacer l’attaquant Nicolaï Razarian, épuisé. Lorsqu‘il dit au jeune Khoren de se préparer, il n’en croit pas ses oreilles.

Il joue son premier match en première division soviétique quelques semaines plus tard le 16 avril 1975 en entrant pour le dernier quart d’heure face au Dniepr Dniepropetrovsk. Il inscrira son premier but dans l’élite contre le Shaktar Dontesk deux mois plus tard. Cette année, l’Ararat Erevan remporte sa deuxième coupe d’URSS face au Zarya Volochilvgrad (2-1). Khoren remporte son premier titre. Il sera aussi désigné révélation du championnat. Ainsi, il finit la saison 1975 en ayant disputé 24 matchs et inscrit 4 buts. Il jouera aussi ses derniers matchs européens contre l’Anorthosis Famagouste et West Ham United en Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupes. Il marque deux buts contre les Chypriotes lors de la victoire sans appel de 9-0 au stade Hrazdan.

L’année suivante sera aussi très riche pour ce jeune espoir arménien. Avec l’équipe d’URSS des U-23, il remporte le championnat d’Europe avec son coéquipier erevanais Armen Sarkissian et participe aux derniers faits de gloire de l’Ararat lors de l’époque soviétique, à savoir la deuxième place lors du championnat de printemps et la finale de la coupe d’URSS (perdue face au Dynamo Tbilissi 3-0).

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© people.am

Les deux saisons suivantes seront des années de transition avec la génération des champions de 1973. Cette période est difficile pour le club arménien qui luttera pour se maintenir dans l’élite en 1978. Il ne se sauvera d’ailleurs qu’à la différence de but. En 1979, le milieu de terrain s’affirme comme l’héritier des champions de 1973. Il inscrit cette saison 17 buts en 34 matchs et sera deuxième au classement des buteurs. Il bat ainsi le record du nombre de buts inscrits par un joueur en une saison pour le club arménien. Ce record appartenait conjointement à Hovhaness Zanazanian (14 buts en 1972) et Eduard Markarov (14 buts en 1971). Cette performance lui ouvre les portes de la sélection. Il honore sa première cape le 14/10/1979 face à la Roumanie. Il est également nominé pour la première fois dans la liste des 33 meilleurs joueurs. Il le sera 5 fois consécutivement et occupera la première place à son poste en 1980, 1982 et 1983.

L’année suivante, il est retenu dans la sélection olympique pour disputer les JO de Moscou. Il dispute 3 matchs et marque 2 buts (un contre le Venezuela en match de poule et un autre contre la Yougoslavie pour la troisième place). Comme ses glorieux aînés Zanazanian et Andreassian, il décroche le bronze olympique.

L’année 1982 sera une belle année pour le capitaine de l’Ararat. Son club termine à une belle cinquième place, la meilleure depuis 9 ans. Il marque 12 buts en 28 matchs et un de ses buts inscrits face au Nefchti Bakou est reconnu comme le plus beau but du championnat. Cette année, c’est aussi celle de la Coupe du Monde en Espagne, tournoi pour lequel l’URSS est qualifiée. En entrant en jeu face à la Nouvelle-Zélande à la 46e minute, il entre dans l’Histoire. Il devient le premier footballeur d’Arménie à participer au tournoi mondial. Son ancien coéquipier Markarov avait disputé l’édition de 1966, mais il évoluait à Bakou à cette époque. Qualifiés pour le second tour, les Rouges affrontent la Pologne et la Belgique. Le 1er juillet 1982, au Nou Camp, l’URSS joue la Belgique et à la 48e minute, Hovhannisyan reprend magnifiquement de volée le centre de Gravilov et inscrit le seul but du match. La Pologne bat les Belges 3-0 et le match nul entre les deux formations de l’Est élimine les Soviétiques. Au total, le meneur de jeu arménien aura joué 3 matchs et inscrit 1 but en Coupe du Monde.

Lors des deux saisons suivantes, il prendra part à 30 matchs et inscrira respectivement 15 buts en 1983 et 9 buts en 1984. Il atteint la barre des 100 buts en février 1984, en inscrivant un doublé contre le Zenit Leningrad. Son record de 17 buts en une saison sera battu par Hamlet Mkhitaryan (le père du célèbre Henrikh) auteur de 18 réalisations cette année-là. C’est aussi en 1984 qu’il joue son dernier match en équipe nationale, face à la Norvège. Son bilan en sélection est de 34 matchs pour 6 réalisations, ce qui fait de lui le joueur le plus capé en provenance de la République Socialiste d’Arménie.

Un an plus tard, il se trouve en désaccord avec les dirigeants et quitte le club. Son bilan est de 295 matchs de championnat pour 93 buts inscrits (record pour football arménien). A noter qu’il inscrit 41 buts lors de la dernière demi-heure et 18 dans les 10 dernières minutes. Ces statistiques témoignent de son endurance et de sa capacité à « user » les défenseurs adverses. Au total, il a inscrit 113 buts, ce qui le fait entrer dans le tableau de Gregory Fedotov. Il y rejoint deux autres buteurs d’origine arménienne : Nikita Simonyan et Edouard Markarov.

Khoren Hovhannisyan reprend la compétition avec l’ISKRA Erevan en 1988 puis signe au Pakhtakor Tashkent en 1990, en deuxième division. A l’issue de la saison, le club ouzbek décroche la promotion dans l’élite. Khoren y joue 10 matchs pour la dernière édition du championnat d’URSS.

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Khoren Hovhannisyan et un fan. © people.am

L’Arménie devient une nation indépendante et, de ce fait, organise son propre championnat. Le vétéran Khoren Hovhannisyan sera entraineur-joueur au sein du Homentmen Erevan. Il décrochera, à égalité avec le Shirak Gyumri, le premier titre de champion d’Arménie. Il part ensuite au Liban où il prend les rênes du club arménien de l’Homenetmen Beyrouth pendant deux saisons. Il amène cette formation jusqu’à la troisième place. En 1995, il rejoint sa terre natale et prend en main l’équipe du Pyunik avec laquelle il décroche un autre titre de champion d’Arménie. A noter qu’il lui arrivera de disputer quelques bouts de matchs mais finit par raccrocher les crampons définitivement.

En 1996-1997, il dirige également la sélection nationale arménienne pour sa première campagne qualificative pour la Coupe du Monde. Les Caucasiens finiront à la quatrième place du groupe avec quelques bons résultats (0-0 contre le Portugal à domicile, 1-1 en Ukraine).

En 2001, il est élu meilleur joueur arménien du XX ème siècle et sera logiquement désigné comme « joueur en or » pour les 50 ans de l’UEFA. Il devient aussi président du Pyunik Erevan en 2001, le nouveau club phare du football arménien. Sous sa présidence, les Phénix gagneront cinq titres de champions, deux coupes et trois supercoupes avant qu’il ne quitte ses fonctions en mars 2006. Son fils Zohra (né en 1987) espoir du football arménien au début des années 2000 jouera au Pyunik jusqu’en 2004, avant de rejoindre le club grec d’Olympiakos Le Pirée. Il sera un des joueurs majeurs des U19 arméniens, qualifiés pour le championnat d’Europe en 2005.

En 2012, il reprendra une place sur le banc de touche en Ouzbekistan au Lokomotiv Tashkent. Une expérience de quelques mois durant laquelle il mènera son équipe à la troisième place du championnat. Néanmoins, son contrat ne sera pas renouvelé. Enfin en 2015, il revient brièvement dans les affaires, en devenant président du FC Mika Erevan, mais il quittera son poste quelques mois plus tard.

Jacques der Sarkissian




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