L’aboutissement d’un projet marqué par les atermoiements au vu de la sensibilité politique de son thème. Il y a huit ans, un rêve né en 2004 au sein de la communauté arménienne se concrétise avec le lancement, par le Fonds d’art contemporain de la Ville (FMAC), d’un concours. Retenue à l’unanimité, la proposition de Melik Ohanian est d’abord conçue pour s’implanter sur le bastion Saint-Antoine, puis dans les jardins de l’Ariana, proches de l’ONU, au grand mécontentement des Turcs de Suisse. En 2015, une intervention du Département fédéral des affaires étrangères empêche la délivrance d’une autorisation de construire. C’est finalement dans le parc Trembley que peut s’ériger le memorial.
L’idée des réverbères germe dans l’esprit de leur créateur à New York. Il y rencontre un lampadaire «un peu esseulé» mais «étrangement rassurant». Cet objet urbain fort banal évoque en lui une «vision d’exil»: «Dans chaque ailleurs, il y a un besoin de se rattacher à un élément de la ville, écrit-il. Un besoin de produire de la familiarité pour se sentir moins étranger.» Afin de suggérer la diaspora, l’artiste décline ses réverbères en neuf variantes. Et, en signe de partage, les dépouille de leur fonction d’éclairer pour conférer à leurs larmes de chrome celle de refléter le monde.
Les Réverbères de la mémoire Inauguration le vendredi 13 avril à 18 h au parc Trembley (TDG)