Vive l’Arménie indépendante

L'Orient-Le Jour- Liban
19 sept. 2018
 
  
Vive l’Arménie indépendante
 
Dr Vartkes ARZOUMANIAN
20/09/2018
Durant le début des années 90 du siècle dernier, juste après les années glasnost et perestroïka, l’Union des Républiques socialistes soviétiques ne pouvant plus tenir dans la course économique face aux pays de l’Ouest, a commencé à succomber devant la pression interne des pays de l’Union. Ainsi, l’URSS a commencé à se démembrer. Tout a commencé par les pays de l’Europe de l’Est, suivis par les autres.
 
En Arménie, la situation n’était pas aussi simple. Ayant une position stratégique remarquable, la Russie n’a pas voulu lâcher la mainmise. C’est grâce à son peuple ardent, courageux et vaillant et malgré un intense usage de la force par la Russie contre la population civile, que finalement le drapeau tricolore rouge, bleu et orange, le fameux « yerakouyn », a flotté sur le Parlement de Yerevan. Ainsi, le 21 septembre 1991, l’Arménie s’est déclarée indépendante après 70 ans sous le joug des Soviétiques, exauçant le rêve des millions de ses martyrs.
 
L’indépendance de l’Arménie était un fait divin pour les Arméniens éparpillés partout dans monde. Cette indépendance avait une valeur symbolique et morale colossale pour son peuple martyrisé plusieurs fois, surtout durant la domination de l’Empire ottoman avec le premier génocide des temps modernes qui a décimé une nation entière avec plus de deux millions de martyrs. L’enchantement, la béatitude et l’euphorie ont régné partout dans le monde chez les Arméniens de cette grande diaspora qui ont vu renaître leurs mère patrie de ses cendres. Un pays où le sang des aïeuls s’est mélangé avec la terre, où la sueur de ses ancêtres a irrigué leur terre pétrie. Cette Arménie berceau des civilisations, le pays de l’arche de Noé, le premier pays chrétien au monde.
 
Quatre millénaires et l’Arménie survit, contre vent et marées. Ses enfants résistent et persistent, dominés autrefois par les Seldjoukides, les Perses, les Romains, les Grecs, les Mongols, les Arabes, les Byzantins, les Ottomans et les Russes. Leur détermination de survivre nous rappelle un peu l’histoire d’Albert Camus où Sisyphe était condamné à rouler un énorme rocher en haut d’une montagne. Le rocher retombait à chaque fois et Sisyphe devait le ramener de nouveau au sommet. Les Arméniens ont plié maintes fois comme des roseaux mais n’ont jamais brisé. Où sont maintenant les Parthes, les Acadiens, les Sumériens, les Seldjoukides, les Hittites… mais les Arméniens sont toujours là.
 
L’Arménie d’aujourd’hui est juste une petite partie de l’Arménie acclamée par les Arméniens, une Arménie qui a été approuvée par les Nations unies durant le traité de Sèvres en 1920, parrainé par le président des États-Unis Woodrow Wilson mais qui n’a jamais été appliqué. Un pays qui serait défini par 160 mille kilomètres carrés avec un port sur la mer Noire.
 
Aujourd’hui, l’Arménie reflète l’état d’esprit de ses ressortissants. Un pays extrêmement riche en culture avec ses églises datant de centenaires, ses innombrables musées, ses centres de recherche en informatique et technologie de pointe et surtout une Arménie définie par la bonté de son peuple. Un pays petit de taille peut-être, mais extrêmement grand en ambition.
 
Après tous les malheurs tombés sur se petit pays pacifiste, l’Arménie doit vivre et prospérer en paix car elle le mérite.