Le Groupe de Minsk, créé en 1992 par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et coprésidé par la Russie, les Etats-Unis et la France, a pour mission de trouver une issue pacifique à ce conflit. Mais ses efforts restent pour l’heure sans effets. «Le dossier est figé depuis plus de vingt ans, souligne Samuel Carcanague, spécialiste de l’espace post-soviétique à l’Iris. Le Groupe de Minsk est nécessaire, mais il lui manque pour l’instant une réelle volonté politique de régler le conflit.» Un immobilisme qui arrange aussi les parties prenantes elles-mêmes.
«En Arménie comme en Azerbaïdjan, le dossier du Haut-Karabakh structure largement la politique intérieure et extérieure, explique le chercheur. L’Arménie a davantage intérêt au statu quo, parce qu’elle est plutôt en position de force et que le Haut-Karabakh est de facto indépendant. L’Azerbaïdjan, qui a perdu des territoires, a, lui, intérêt à ce que la situation évolue.»
Les voisins, quant à eux, affichent des positions ambiguës. «La Russie, tout en étant une proche alliée de l’Arménie, a vendu des armes à l’Azerbaïdjan, rappelle Samuel Carcanague. L’Iran, qui a des difficultés avec sa propre communauté azérie, a plutôt intérêt à être du côté de l’Arménie. La Turquie, elle, soutiendra l’Azerbaïdjan “jusqu’au bout”, selon les termes du président Erdogan.» Pendant ce temps, l’ancienne ligne de front demeure le théâtre d’affrontements réguliers qui font encore des victims.