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Mais que se passe-t-il entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ?

DNA, France
2 Sept 2021

Un soldat arménien est mort ce mercredi à la frontière avec l'Azerbaïdjan, laissant craindre une nouvelle montée des violences entre les deux pays. Mais pourquoi la région du Karabakh cristallise-t-elle toutes les tensions ? Pour comprendre, il faut remonter un siècle en arrière.

Par L.G. - Aujourd'hui à 08:33

Ce mercredi, l’Arménie annonçait la mort d'un de ses soldats dans un accrochage avec les troupes azerbaïdjanaises à la frontière entre ces deux pays du Caucase. Le ministère arménien de la Défense, qui "condamne fermement les actions de l'Azerbaïdjan" a avertit qu'elles ne resteront pas impunies.

Si pour l’heure, les autorités azerbaïdjanaises ont rejeté ces accusations, selon le quotidien libanais l’Orient-Le Jour, cet accrochage laisse craindre une nouvelle montée de tensions entre les deux pays qui s’étaient déjà livrés une guerre meurtrière de six semaines à l’automne dernier.

Un peu plus tôt cet été, le 16 aout, un autre soldat arménien avait déjà été tué dans un échange de tirs avec les forces de Bakou près du Nakhitchevan, enclave azerbaïdjanaise dans le sud-ouest de l'Arménie.

L’Arménie et l'Azerbaïdjan sont des ennemis de longue date dans la lutte pour le contrôle de l'enclave du Nagorny Karabakh. Dans les années 1990, la guerre s'était soldée par une déroute militaire arménienne et un accord de cessez-le-feu qui a accordé d'importants gains territoriaux à Bakou.

Malgré la signature de cet accord et le déploiement de soldats de maintien de la paix russes, les tensions restent fortes entre les deux ex-républiques soviétiques. En mai dernier, l'Arménie avait notamment accusé son voisin d'avoir violé la frontière pour prendre le contrôle de terres au bord du Lac Sev, que se partagent les deux pays.

Le Nagorny Karabakh, petit territoire montagneux, fait l’objet de nombreux conflits depuis des siècles, passant de mains en mains. Sous influence arabe, turc, puis russe, le territoire devient l'épicentre d'une guerre civile qui oppose Arménie et Azerbaïdjan en 1917.

Bien que peuplée en majorité par des Arméniens (qui considèrent l’enclave comme une région centrale de leur histoire), la zone est rattachée à la république soviétique d'Azerbaïdjan en 1921 par Staline avec, à partir de 1923, un statut d'autonomie. Ce statut reste inchangé jusqu'aux dernières années de l'URSS, rappelle Le Point.

A la dislocation de l'URSS en 1991, le Nagorny Karabakh organise un référendum boycotté par la communauté azerbaïdjanaise puis proclame son indépendance de Bakou avec le soutien d'Erevan. Une indépendance qui n'a jamais été reconnue par l'ONU. La violence éclate alors et la guerre fait 30 000 morts jusqu’au cessez-le-feu de 1994.

Aujourd’hui, l’enclave terrestre est composée à 99% d'Arméniens de confession chrétienne. La guerre a conduit à d'importants déplacements de populations : près de 700 000 Azerbaïdjanais fuyant l'Arménie et le Nagorny Karabakh et 230 000 Arméniens fuyant l'Azerbaïdjan.

Pendant 30 ans, les efforts de médiation internationale sur le statut du Nagorny Karabakh, pilotés par les États-Unis, la Russie et la France, ont échoué. Et Bakou affirme désormais que seul un retrait arménien du Karabakh peut mettre fin à l'effusion de sang. L'Arménie, de son côté, se dit prête à se battre jusqu'au bout.

Région agricole, parsemée de vignes et de vergers, le Haut-Karabakh n’est ni convoité pour ses sous-sols riches en minerais ou en hydrocarbures, ni pour ses hautes montagnes qui n’en font pas un lieu de transit pratique, rappelle TV5 Monde.

C’est bien son caractère historique qui lui vaut l’objet de toutes les convoitises. Il s'agit d'"un territoire historiquement symbolique pour les deux peuples" précise Jean Radvanyi, professeur émérite à l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco).

"Pour les Azéris comme pour les Arméniens, le Haut-Karabakh appartient au patrimoine national. […] Et comme les négociations n'aboutissaient pas, les Azéris ont brandi la solution militaire depuis des années", explique-t-il.

Dans ce conflit, l’Azerbaïdjan bénéficie d’un avantage certain : à savoir un budget militaire dix fois plus élevé que celui de l’Arménie, qui s’est pour sa part procuré des drones israéliens.

Derrière ce conflit territorial, c’est aussi un jeux d’alliance qui s’opère avec d’un côté la Turquie qui soutient son allié azéri, et de l’autre l’Arménie soutenue par Israël. La Russie, allié et exportateur d’armement vers les deux pays, adopte quant à elle un discours plus modéré et appelle au calme…

Boris Nahapetian: