Le gouvernement turc a rappele pour consultation son ambassadeur

Le Monde, France
13 octobre 2007 samedi

TURQUIE: Le gouvernement turc a rappelé pour consultation son
ambassadeur aux Etats-Unis;

L’alliance entre Washington et Ankara sous tension

par Guillaume Perrier

Les vingt-sept imbéciles américains ". En accord avec le titre du
quotidien Vatan, la Turquie s’est réveillée de méchante humeur, jeudi
11 octobre, après l’adoption, la veille, devant la commission des
affaires étrangères du Congrès américain, par 27 voix contre 21,
d’une résolution reconnaissant le génocide arménien de 1915. " C’est
la même déception que celle que nous avons connue avec la France,
soupire Mehmet Dülger, membre du Parti de la justice et du
développement (AKP) et ancien président de la commission des affaires
étrangères au Parlement. " Nous avons du mal à comprendre les
Américains, alors qu’eux-mêmes sont en train de commettre un génocide
en Irak ", ajoute-t-il. En signe de protestation, la Turquie a
rappelé, vendredi, son ambassadeur aux Etats-Unis pour consultation.

La résolution américaine qui embarrasse la Maison Blanche et hérisse
Ankara pourrait fissurer un peu plus l’alliance stratégique entre les
deux membres de l’OTAN, déjà ébranlée par les opérations de guérilla
du Parti des travailleurs kurdes (PKK) et par des désaccords de plus
en plus évidents sur la politique américaine au Moyen-Orient.

La blessure la plus sensible reste la présence persistante du PKK
dans le nord de l’Irak, malgré les promesses régulières de Washington
et de Bagdad d’y mettre fin. La guérilla kurde a tué près d’une
centaine de soldats turcs depuis janvier et l’armée réclame le droit
de lancer une opération transfrontalière en Irak pour " éradiquer
l’organisation terroriste ". L’émotion qui a accompagné les cercueils
des quinze soldats, " martyrs " aux yeux de nombreux Turcs, tués ces
derniers jours, a obligé le gouvernement à faire montre de fermeté.
Lundi, le Parlement dira s’il autorise l’envoi de troupes pour une
opération d’envergure contre le PKK en Irak, qui embarrasserait un
peu plus l’administration Bush.

Soucieux de ménager leurs alliés kurdes d’Irak, les Etats-Unis ont
jusqu’ici semblé négliger les plaintes d’Ankara. L’émissaire spécial
chargé de régler le problème du PKK, le général à la retraite Joseph
Ralston, a démissionné la semaine dernière sans avoir obtenu le
moindre résultat en un an. Pour ses détracteurs, Joseph Ralston a
surtout oeuvré au réarmement de l’aviation turque.

" L’attitude américaine est de plus en plus irresponsable ", regrette
Soli Özel, professeur de relations internationales à l’université
Bilgi d’Istanbul. " En Turquie, tout le monde est persuadé qu’ils
soutiennent le PKK ", constate Sedat Laçiner, directeur de
l’Organisation pour la recherche internationale et stratégique (USAK)
à Ankara.

Une certitude alimentée par les témoignages, il y a quelques mois, de
repentis du PKK qui avaient affirmé que le mouvement était
directement armé par les Américains. Washington a récemment admis que
190 000 armes livrées aux autorités irakiennes avaient disparu en
2004 et en 2005. La Turquie est persuadée qu’une bonne partie de ce
stock s’est retrouvée dans les mains du PKK, une organisation
pourtant classée terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et
la Turquie.

Le dépit est tel que, selon une étude publiée début 2007, seulement 7
% des Turcs disent apprécier les Etats-Unis. Depuis l’invasion
américaine de l’Irak en 2003, le sentiment antiaméricain est devenu
un thème porteur pour les partis politiques comme pour les
réalisateurs de cinéma. Le film, La Vallée des loups-Irak, sorti en
2006, est le plus grand succès du cinéma turc. Son héros, un agent
secret aux méthodes expéditives, part en mission au Kurdistan irakien
pour venger l’honneur de la Turquie, bafoué par les Américains.

Depuis 2003, les relations bilatérales sont marquées par une série de
différends profonds sur les dossiers moyen-orientaux : refus du
Parlement turc d’autoriser le passage vers l’Irak des troupes
américaines, visite d’officiels du Hamas à Ankara en février 2006…
Le prochain voyage à Ankara du président syrien Bachar Al-Assad
devrait susciter la réprobation de Washington. Tout comme les
investissements turcs dans les champs de gaz de Pars, en Iran,
conclus en juillet.

" Depuis la présidence de Ronald Reagan, les républicains ont
toujours eu de bonnes relations avec les militaires turcs ", note
l’ancien ministre des affaires étrangères Ilker Türkmen. L’arrivée au
pouvoir de l’AKP a bouleversé cet équilibre. Mais la Turquie demeure
une des portes de sortie des troupes américaines en Irak. Un atout
crucial pour M. Erdogan, qui doit se rendre à Washington en novembre.

From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress

Emil Lazarian

“I should like to see any power of the world destroy this race, this small tribe of unimportant people, whose wars have all been fought and lost, whose structures have crumbled, literature is unread, music is unheard, and prayers are no more answered. Go ahead, destroy Armenia . See if you can do it. Send them into the desert without bread or water. Burn their homes and churches. Then see if they will not laugh, sing and pray again. For when two of them meet anywhere in the world, see if they will not create a New Armenia.” - WS