Les Echos
27 septembre 2004
Sarkozy demande un référendum sur l’entrée de la Turquie en Europe…
par CÉCILE CORNUDET
La question de l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne est en
train de brouiller, si besoin en était, le débat sur la Constitution
européenne. Jeudi, la Commission européenne a semblé être prête à
donner le feu vert à l’ouverture de négociations avec Ankara,
suscitant l’inquiétude non dissimulée des partisans du « oui » à la
Constitution européenne, notamment à droite, qui craignent que les
deux questions ne se percutent.
Pour sortir de cette difficulté, Nicolas Sarkozy a proposé hier une
solution de compromis en souhaitant que le président de la République
organise un référendum sur l’entrée de la Turquie, « afin de
connaître l’opinion des Français ». Il est vrai que si Jacques Chirac
reste favorable à l’ouverture de négociations avec Ankara, ne
serait-ce que parce que l’entrée de la Turquie n’interviendrait pas
avant dix ou quinze ans, la droite dans son ensemble, UMP comme UDF,
y est très réticente. Le Premier ministre lui-même a émis la semaine
dernière de sérieuses réserves. « Ce n’est pas parce que c’est un
pays musulman, mais parce que cela représente l’équivalent de
l’adhésion de dix nouveaux pays d’Europe de l’Est », a estimé hier
Nicolas Sarkozy lors du Grand Jury RTL-« Le Monde »-LCI. Au Parti
socialiste, officiellement favorable à l’entrée de la Turquie sous
certaines conditions – droits de l’homme, reconnaissance du génocide
arménien -, la question est également très sensible. Laurent Fabius,
partisan du « non » à la Constitution européenne, a affirmé la
semaine dernière qu’un élargissement à la Turquie ne serait « pas
raisonnable ». « Il serait démocratique que l’Assemblée nationale se
prononce prochainement, avant que le chef de l’Etat ne le fasse au
nom de la France », a-t-il déclaré vendredi dans un entretien à «
Ouest-France ».