BAHADOURIAN, EPICIER FIN EXOTIQUE A LYON
Par Marie-Annick Depagneux
Les Echos
5 aout 2008 mardi
France
Bahadourian, c’est un peu le Fauchon lyonnais. Reste fidèle a la
Guillotière, dans le 3e arrondissement, où Djebraïl Bahadourian a
demarre son commerce en 1929, l’epicier fin a meme donne son nom a une
place de ce quartier, sans doute le plus cosmopolite de la ville. Son
fils, Armand Bahadourian, soixante-six ans, aujourd’hui aux commandes,
raconte :
" Mon père etait venu rendre visite a ses frères, qu’il n’avait pas
vus depuis dix ans car le genocide armenien les avait separes. Ce
sejour aurait dû etre temporaire mais il s’installera definitivement
a Lyon en repartant de zero. Son idee etait que les Armeniens
puissent retrouver a Lyon les produits alimentaires de leur pays,
tout comme les Algeriens et les autres. " Le bassin mediterraneen
constitue toujours la source privilegiee des approvisionnements
mais, au fil des annees, les rayons se sont enrichis des specialites
d’autres horizons, notamment asiatiques, pour repondre aux nouveaux
immigrants mais aussi a la generalisation des voyages. " Nous vendons
des specialites chinoises depuis trente ans. Pendant un quart de siècle
nous sommes passes par des importateurs. Maintenant, nous avons nos
propres fournisseurs sur place. Nous sommes a l’ecoute des clients et,
chaque fois qu’un nouveau pays est a la mode, nous essayons d’etre
a l’avant-garde. Quand les Lyonnais veulent concocter un repas a
thème, ils savent qu’ils trouveront tous les ingredients chez nous ",
poursuit le patron. Il n’est qu’a parcourir la boutique des halles
de Lyon pour s’en convaincre et la feerie est aussi bien visuelle
qu’olfactive. Aux rayons des gourmandises, loukoums a la vanille,
a la menthe, a la rose ou a la cannelle s’y lovent dans de grands
pots en verre a côte des cornes de gazelle. Plus loin, le choix des
vinaigres est impressionnant tout comme celui des confitures. Les
rouleaux de printemps et autres mets de traiteur sont confectionnes
dans le laboratoire maison. Et, pour deguster sur place, l’epicier
a ouvert il y a un an un coin restaurant. Refait a neuf, ce magasin
des halles serti de mosaïques bleues est a la fois le plus beau et le
plus contemporain. Mais, pour saisir l’âme originelle de l’entreprise
octogenaire, il faut aller 20, rue Villeroy.
De 40 mètres carres au depart, la surface de ventes s’est agrandie a
650 mètres carres au fur et a mesure des decennies. La vraie curiosite
est peut-etre dans les sous-sols : 1.000 mètres carres recuperes en
achetant les caves alentour. Ces entrepôts sont organises a l’image
des souks, avec leurs quartiers dedies aux pâtes italiennes, aux
epices, aux tagines marocains et tunisiens… Pas moins de 12.000
references. Et l’ensemble va etre renove. Le commercant armenien
possède egalement un emplacement aux Galeries Lafayette de Bron,
dans la commune voisine de Lyon. Et, un jour sans doute, il aura
pignon sur rue dans la capitale " car les Parisiens craquent quand
ils viennent dans nos magasins ", savoure Armand Bahadourian. En
attendant, ils pourront acheter sur la Toile car le site marchand sera
operationnel a la rentree. Sa fille, Patricia, a consacre une annee a
la realisation de ce portail, qui se veut très descriptif. Son autre
fille, Sandrine, s’occupe du marketing. Et Fabrice, le gendre, est
charge de la commercialisation en France et a l’etranger. Une affaire
de famille qui emploie 50 salaries pour 4 millions d’euros de recettes.
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From: Emil Lazarian | Ararat NewsPress
